Diaire de Bojó ( VENEZUELA )(Mario , Joseíto , Jaime , David) de Jaime: …depuis six ans, nous nous sommes efforcés d'offrir aux gens (tous ceux et celles qui veulent) un espace où nous les invitons à partager notre chemin spirituel. Nous avons décidé d'appeler cet espace "Semaines de Nazareth". Nous avons pris conscience que le monde d'aujourd'hui avec ses aléas de bruits, d'activités, de crises, de désorientation et d'exclusion de toute sorte laisse beaucoup de cœurs et d'esprits blessés, sans force et sans espérance. Alors nous avons voulu proposer un lieu d'accueil, d'écoute et de repos…un lieu pour refaire la vie et repartir continuer la marche…Un lieu de contemplation, de partage de vie, de récréation d'illusions, de surgissement d'espaces ouverts, chargés de fraternité et de compassion. Cette année nous avons accueilli trois groupes, chaque fois pour une semaine. Le thème a été: "spiritualité et écologie". Les gens sont venus de différents endroits du pays: parmi eux, des mères de familles, des jeunes, des étudiants, des professeurs, des catéchistes…des groupes très variés en âge et en engagements. Chaque jour, nous avions un sous-thème: Nazareth, l'expérience de Dieu, la femme, Jésus et l'écologie, écologie et libération, le désert. Chaque journée, il y avait des moments de prière personnelle et communautaire, un peu de travail manuel dans les champs ou à la "Casa Campesina"[1]. L'après midi, il y avait un temps de silence, de lecture et aussi une célébration qui pouvait être une Eucharistie, une lecture priante, un rosaire, une révision de vie, une liturgie pénitentielle… Les semaines de Nazareth prennent de l'importance: elles offrent aux gens un espace alternatif qui les aide à faire une profonde expérience de Dieu. Une expérience marquée par l'amitié, le travail, la prière, le silence. Une expérience qui part de la vie quotidienne, qui à partir de la vie simple et ordinaire veut accueillir le pas de l'Esprit, voir Dieu présent en tout événement humain, en tout être, et en toute chose. Nous sommes contents d'accueillir amis et amies, de partager notre expérience et de nous nourrir de l'expérience spirituelle de ceux et de celles qui viennent. Nous essayons de répondre à un défi très concret que nous lance le monde d'aujourd'hui, celui d'ouvrir des espaces pour approfondir la recherche de Dieu, pour trouver des chemins alternatifs de vie dans ce monde en crise qui cherche de nouveaux chemins. Par cette marche nazaréenne, nous essayons de reconnaître les nouveaux signes des temps, d'assumer de nouvelles voix, de nouveaux sentis, de nouvelles pensées qui nous interrogent et nous lancent sur des chemins mystérieux où il est nécessaire d'aller. Aujourd'hui il y a une soif de recherche spirituelle. Beaucoup est offert. Notre proposition à nous a pour cadre la folie toujours actuelle de l'utopie de Jésus (le maître galiléen), l'écologie, le féminisme, le dialogue inter religieux…proposition ouverte et influente dans ces temps où il y a tant d'exclusion perverse et anti-évangélique. Voilà un peu de notre vie, de ce que nous faisons, des chemins sur lequel nous allons actuellement. Nous savons que ce sont de toutes petites lumières. Nous demandons à Dieu qu'il nous aide à persévérer dans cette aventure et de nous permettre de maintenir vive la mémoire de Jésus qui est passé en ouvrant des chemins, en recueillant la fatigue des gens blessés, Jésus qui vécut une profonde vocation d'écoute et d'accueil et aida à reconstruire l'espérance dans tant de cœurs en piteux état.
de Joseito: Je voudrais ajouter un petit mot au diaire de Jaime sur les dernières "semaines de Nazareth". Pour nous, dans l'année, elles sont une période spéciale. Sans casser notre rythme de vie, elles représentent comme une pause, un temps de "désert", une occasion de partage de notre foi avec d'autres personnes du pays, une possibilité aussi d'écoute du chemin chargé de difficultés et de souffrances, lot de beaucoup de gens. En une semaine on réussit à établir des relations profondes d'estime et d'amitié. De tels moments sont d'autant plus nécessaires avec le rythme de vie d'aujourd'hui. On reste étonné de ce qu'on trouve du temps pour tout partager: la famille, le travail, les engagements sociaux, les études Ces semaines permettent d'universaliser un peu la fraternité, sans perdre son coté d'insertion particulière. Nous ne savons pas quelle sera la fraternité dans le futur, mais ces expériences représentent une "indication" pleine d'espérances. L' Esprit de Dieu nous dit quelque chose quand des gens d'âges, de classes sociales et de lieux différents se rencontrent avec joie en cette expérience de partage. Nous avons ainsi beaucoup de frères et de sœurs au Venezuela, même s'ils ne sont pas Petits Frères ou Petites Sœurs…
|
[1] "Maison Rurale" |