ETUDIANTS EN AFRIQUE

 

Quelques réflexions de jeunes frères, qui viennent de terminer un cycle d'études

 

de Paluku         

(Fraternité d'Arusha,  TANZANIE)

 

Après deux ans et demi d'études en ministère catéchétique et pastoral, je suis poussé à écrire sur mes études comme expression de l'importance de la continuité entre études et vie ordinaire.

La question principale qui vient est: qu'est-ce que je garde de mes études? Comment influencent-elles ma vie, ma relation avec Dieu, avec les autres et avec moi-même?.

Au début de mes études j'ai réalisé qu'en chaque chose il y a un mystère, quelque chose "au-delà" qui dépasse les apparences normales et ordinaires: l'écoute, le voir, l'être etc. Nous sommes appelés à découvrir ce mystère et à entrer graduellement en communion avec lui, le "au-delà", non par la raison ou par la pensée, mais plutôt par la rencontre de la vérité, Dieu Lui-même…

Les études n'ont pas été faciles, comme on peut le penser: beaucoup de tensions ont accompagné mes travaux de recherche, de mémoires et d'examens, avec en plus la vie ordinaire de la fraternité qui ne fournit pas des structures favorables à de telles études (en comparaison des scolasticats ou des séminaires des autres congrégations). En dépit de ces difficultés, Bruno et moi avons traversé ce cours avec succès. Nous avons étudié beaucoup de concepts, de terminologies et de théories. Nous avons surtout pensé, mais moins agi. Je vois bien le danger de rester à un niveau intellectuel, parce qu'en restant au stade de la réflexion je peux ressentir de la satisfaction et de la puissance: j'atteins l'idéal même si celui-ci n'existe pas. Par contre en action je rencontre mes limites et mes imperfections…

Ces deux ans et demi d'études ont été une ouverture sur l'Eglise et le mystère de Dieu. Ne pensez pas que j'ai beaucoup changé, comme certains frères pouvaient s'y attendre. Je constate qu'aucun professeur, ni aucun livre, ni aucun concept, ne furent capables de me 'dire' Dieu ou d'augmenter ma foi. J'ai eu besoin de ce désappointement pour aller plus avant dans la recherche de Dieu par la prière, par la méditation de sa Parole et des évènements ordinaires de la vie.

Pendant mes études, beaucoup de choses ont changé, spécialement au niveau de la prière, de la vie communautaire et de l'apostolat. Par exemple, j'ai pris l'habitude de prier pendant des temps courts, mais souvent. J'ai trouvé beaucoup d'aide à venir à Dieu de temps en temps, même pendant des discussions…

 

de Bruno

        ( Fraternité de Mlangareni, TANZANIE )

 

Après deux ans et demi de nuits sans sommeil, je voudrais partager avec vous quelques unes de mes expériences. En 2002, j'ai fait ma retraite annuelle avec Alex au nord de la Tanzanie. Cette retraite fut une sorte de préparation pour mes études. Une des phrases importante dont je me souviens est qu'en "étudiant nous acquérons certains outils, ou plutôt des dispositions qui nous aident à être en union avec Dieu et finalement avec nos frères et nos sœurs".

A la fin de mes études je peux confirmer cette phrase. Créé à l'image de Dieu, j'ai reçu la grâce de Dieu qui m'aide à répondre au don gratuit de Lui-même. Les études ainsi m'aident à répondre à Dieu positivement. Naturellement j'ai quelques questions sur ma foi et ma relation avec Dieu, quelques-unes sont restées sans réponse, et quelques autres en ont reçue une. Ce dont je suis certain est que la théologie ne remplace pas la foi: c'est juste un outil pour aider ma foi.

Deux ans et demi ont été un bon parcours avec beaucoup de défis concernant ma foi et mon Église: j'ai découvert beaucoup de moi-même, mes dons et mes limites. Je peux citer le poète Milton qui enseignait que "la fin de toute étude est de connaître Dieu, et le but de cette connaissance est de l'aimer et de l'imiter…". Des études, j'en ai assez pour le moment, mais devant moi il y a beaucoup à faire, c'est-à-dire pratiquer ou plutôt concrétiser cette connaissance. Je ne dis pas cela parce que ma tête est pleine de belles théories tandis que "le cœur en est vide". Etudier c'est un peu comme manger: il faut en prendre beaucoup pour remplir un estomac affamé, et la digestion peut alors prendre place doucement...

Permettez-moi de vous parler un peu de "ma classe", nous étions 18 étudiants tous religieux, 15 religieuses et trois frères. C'était mon premier temps d'études en compagnie d'un grand nombre de religieuses: ce fut une occasion pour apprendre positivement d'elles. Cela m'a ouvert les yeux et m'a aidé à mieux comprendre les femmes que ma société tend à déprécier; à cause de cela beaucoup de leurs talents ne sont pas utilisés. Les religieuses (femmes) sont douées comme toute autre personne, comme homme j'ai besoin d'apprendre d'elles. Ce qui m'a surpris est que même dans notre Église, d'une certaine façon, les femmes ne sont pas traitées comme les hommes. Par exemple, au niveau éducation, les religieuses sont moins éduquées tandis que normalement les prêtres ont une très bonne éducation. C'est toujours un défi pour moi.


Ce fut merveilleux de découvrir que Dieu peut m'aider à devenir ce qu'Il veut que je sois. La grâce de Dieu m'apporte une réelle transformation. C'est une découverte parce que j'étais constamment dans le dilemme entre l'aide de Dieu et la psychologie. Pour moi la psychologie était comme la réponse à tout dans ma vie. Pendant les études j'ai réalisé que c'est à travers le don de Dieu (grâce) que je suis ce que je suis avec tous mes talents et mes déficiences. Le reste alors est juste une série de moyens pour m'aider à prendre conscience de la présence de Dieu dans ma vie. Le défi consiste à trouver un équilibre…

Fraternité de Arusha