Diaire de Saint Péray ( France )
- de Paul : Août 2006 Je parcours la dernière étape du voyage avant la grande "Rencontre". Je désire et fais en sorte que cette étape me permette de mourir "guéri", en rejetant par-dessus bord toutes les rancunes, rancœurs et violences, et d'avoir la bonne idée de me réjouir d'avoir peu à faire. Si je regarde en arrière, je suis tenté de dire comme Paul (le vrai): "J'ai combattu le bon combat, j'ai gardé la foi". Le combat, oui, dans des situations souvent extrêmes. Garder la foi ?… Le seul reproche que Jésus fait à ses disciples, c'est le manque de foi ("Hommes de peu de foi" ou "Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé..."). Ce reproche, je le prends pour moi, j'ai travaillé, j'ai bâti, mais en m'appuyant sur mes propres forces et capacités. Et aujourd'hui, j'entends ce même reproche en restant dans l'angoisse sur la question : Où? Quand? Comment? Et sur l'après. Devant moi, les figures de tous mes compagnons de la première heure, car, sauf Arturo, je suis le seul survivant. Alors la Fraternité… car que serions-nous sans les êtres que nous aimons et qui nous ont aimés ? Alors, je réussis encore à dire à mi-voix la prière d'abandon. Mais, au-delà de toutes les entorses à mon engagement, c'est ce désir de confiance que je demande instamment. J'ai eu la chance d'aller récemment à Taizé où j'ai vécu intensément avec quelque quatre mille personnes l'Eucharistie. En écho, la voix de frère Roger: "Le peuple de Dieu n'est pas un peuple d'observance, mais le peuple des béatitudes; la bonté du cœur est le plus sûr chemin pour vivre ces béatitudes". Cette bonté du cœur, je l'ai vue se manifester par la présence des enfants qui entourent, comme autrefois, le frère prieur. Encore, ce que j'ai retrouvé, c'est cet appel à la prière la plus simple, celle que René Voillaume[1] appelait la prière des pauvres gens. J'ai vu se simplifier en moi cette prière. Je voudrais dire que quelquefois cette prière est seulement un soupir et je me retrouve à dire comme le psaume : "Je dors mais mon cœur veille.
[1] René Voillaume est notre fondateur qui a écrit dans "Au Cœur des Masses" la prière des pauvres gens. |
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