Fraternité d'Arles ( Provence )
de Raoul :
Je vais essayer de regarder ce qu’il y a
de beau autour de moi et dans le cœur de chaque personne.
Tout d’abord, il y a eu la fête de
l’Aïd’ el-Kebir, grand jour de fête pour tous les musulmans : sacrifice
de l’agneau, prières, rassemblement des familles. J’ai pu partager
cette journée avec quelques familles et souhaiter une bonne fête à tous
ceux que j’ai rencontré le samedi au marché
d'Arles.
Dans le quartier de la
Roquette où je suis, il y a un comité de quartier qui est chargé
d’organiser les fêtes. Pour le temps de l’Avent, il y a une très belle
coutume du Calendrier de l’Avent, c’est-à-dire que 28 familles
s’inscrivent, et chaque soir à 19h, une des familles organise une
petite fête devant sa maison ou à la fenêtre de l’étage. Chacun fait
selon ses dons et capacités. Un soir, çà sera de la musique, un autre
soir des mimes, des marionnettes, des chansons. A ces rencontres, il y
a toujours de 100 à 150 personnes, enfants et adultes. A la fin de la
soirée, la famille qui organise offre un vin chaud, café, chocolat et
bonbons et des papillotes pour les enfants. C’est une très belle
initiative!
Beaucoup de familles vont chercher
de quoi manger dans les Restaurants du Cœur : il y a une distribution
par semaine. Avec un jeune Roumain, nous avons contacté la responsable
pour lui demander s’ils avaient droit au Resto. Tout d’abord, elle a
été très émue, je dirais jusqu’aux entrailles, de voir qu’ils étaient
si nombreux à squatter deux grandes villas et un magasin : ils sont 54
personnes ! « Comment font-ils pour manger puisqu’ils ne travaillent
pas ? Il faut que je fasse le plus possible pour qu’on puisse
leur donner à manger ». Tout de suite, elle a téléphoné au centre des
Restos à Marseille. La responsable de ce centre a téléphoné à Paris
auprès d’un organisme pour savoir si les Roumains ont droit aux Restos.
La réponse fut immédiate. C’était : OUI ! Alors le lendemain, je suis
revenu avec deux autres Roumains pour chercher ce qui avait été
préparé pour eux. Ma petite-grande voiture était pleine. Et maintenant
chaque lundi, on leur distribue des vivres pour la semaine. Hier, on a
rempli 2 voitures. Après on a fait le partage pour chaque famille. Tout
le monde était content. Une réflexion de l’un d’eux : « Il y a beaucoup
à manger en France, ce n’est pas comme chez nous… où c’est la misère
complète ».
Au début septembre, une
famille roumaine avait demandé le baptême pour leurs deux enfants,
Lorenzo (4 mois) et Sami (2 ans). Huit jours avant le baptême, il y a
eu une bagarre sérieuse entre plusieurs familles dont celle-ci. Alors
deux ou trois familles ont dû fuir en Roumanie. Elles y sont
restées deux mois, et par la suite elles sont revenues en Arles. On ne
parlait plus de baptême. C’est le petit de quatre mois qui s’est mis à
"parler" chaque nuit (pleurer) et cela a bien duré 10 nuits. Chacun se
demandait ce que le petit voulait bien exprimer en "parlant" ainsi
chaque nuit. C’est la grand-mère qui a réussi à déchiffrer le message :
« Le petit demande le baptême. » Il avait certainement compris la
première fois qu’il allait être baptisé et voilà qu’on n'en
parlait plus. Alors le papa des enfants est venu me trouver pour me
dire ce qui se passait. On a téléphoné au prêtre des Saintes Maries de
la Mer pour lui demander s’il voulait bien baptiser les deux petits. Il
a accepté sans problème et la date fut fixée. Alors le papa est
retourné à sa maison et il a dit à tout le monde que le baptême aurait
lieu le 22 octobre : le petit (qui a 4 mois) a dû entendre, car les
nuits suivantes il n’a plus parlé!
Le 22 octobre a eu lieu le
baptême… Les orthodoxes font le baptême par immersion dans une grande
cuvette avec de l’eau tiède. On met le petit dedans et on lui verse de
l’eau en abondance sur la tête. Au moment du baptême, le petit a
crié (crié de joie d’après les dires des uns et des autres). Et ensuite
le petit a eu le sourire toute la journée et les jours suivants et
jusqu’à aujourd’hui. Le plus grand qui a deux ans, quand il a été dans
l’eau et que le prêtre lui a versé l’eau sur la tête, il a hurlé, hurlé
(de joie?, je ne sais pas), et il n’y a pas eu de commentaires
desparticipants !… Mais il s’est quand même produit quelque chose. Le
père a dit : « Avant qu’il soit baptisé, il faisait beaucoup debêtises
et maintenant… regarde comme il est gentil ! ».
Après le baptême, on est revenu
faire la fête à la maison. Il y a eu l’apéritifsuivi d’un repas. Tout
le monde est resté bien sobre et a bu "avec modération". Certainement
que tout le monde avait vu la publicité à la télévision… Ensuite il y a
eu la musique, l’un d’eux joue de l’accordéon, alors tout le monde a
dansé.
Dans la soirée, une belle
chose s’est passée. Les familles qui habitent à coté et qui, deux mois
auparavant avaient fait la bagarre, sont venues apporter leur offrande
pour les deux petits baptisés (50 euros) : beau geste de réconciliation
! Alors on leur a servi à manger et à boire, ensuite tout le monde a
dansé ensemble. Tout le monde était content. Une belle journée avec
beaucoup d’émotions. Pour ma part j’ai été très ému et ai eu beaucoup
de peine à contenir mes larmes. Si bien que les femmes me demandaient
ce que j’avais. Je disais que ce n’était rien…
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