ÉDITORIAL
Je ne résiste pas à l'envie de vous citer une réflexion de José Luis1, qui à mon avis exprime bien le sens de notre vie religieuse.
"Je suis en train de lire "La stratégie du choc
- La montée d'un capitalisme du désastre", un livre de
Naomi Klein, journaliste. Cette lecture m'aide à mieux comprendre la
crise financière mondiale des derniers mois, qui concentre les capitaux
dans les mains d’une minorité de personnes, crée l'insécurité des
marchés et vide les poches de la majorité des gens. C'est un livre très
bien documenté, que je vous conseille, parce qu’il nous offre la
possibilité de nous situer devant les défis de notre monde, où tous les
citoyens (donc les chrétiens et les religieux) nous avons une
responsabilité que nous ne pouvons pas déléguer.
Nous : soixante quinze petits frères de l'Evangile, dispersés dans le
monde (à peine 300 avec les Petits frères de Jésus), engagés dans une
vie religieuse qui a comme vocation spécifique d'être mystique et
prophétique, appartenant à une Eglise dont la vie est de servir le
Royaume. Je me sens invité, et je vous invite tous, à éclaircir
dans nos consciences l'aujourd'hui du monde, pour que notre
identité de contemplatifs soit bien située. Dans notre rendez-vous
quotidien avec Dieu, puissions-nous le laisser nous prêter ses yeux,
pour donner aux nôtres sa propre vision ; et que nos voisins, les
collègues de travail, les amis, perçoivent une action secrète et
silencieuse, celle du levain qui fermente dans la pâte. Quelque chose
de si petit, devant les si grands projets machiavéliques, dont ce livre
parle !
Oui, mais je suis sûr que nous ne manquerons pas d'opportunités pour
aller à des rencontres sur la non-violence, ou sur les soins à donner à
la "Pacha Mama"2…
ou pour participer aux manifestations des paysans… ou pour être
solidaires avec les immigrés… ou avec les femmes… ou avec les victimes
des abus…
Être des amis de Jésus suppose de le laisser greffer son Cœur sur le
nôtre, pour avoir aujourd'hui ses sentiments. Notre évangélisation
inévitable doit venir de là, de notre Nazareth : avec les pieds bien
plantés sur terre, en ayant une prière bien enracinée, et en devenant
incandescents de Dieu, pour prendre des positions alternatives et ne
pas être des imbéciles dont se sert le système".
Les "diaires"3
de la première partie racontent comment quelques-unes de nos
fraternités de France essaient de vivre leur présence contemplative et
évangélisatrice dans notre société.
Dans la deuxième partie nous trouverons
les nouvelles d'autres fraternités dans le monde, avec le compte-rendu
d'une visite de notre prieur en Inde, mais aussi le grand départ d'un
des nos frères aînés qui a essayé d'être fidèle à cette vocation qui
est la nôtre.
Tullio
1 -José Luis est assistant du prieur, à la Fraternité Centrale à Bruxelles.
2 -Terre-Mère, la déesse mère dans la religion des amérindiens.
3 -Les "diaires" sont des lettres circulaires que les frères ont
l'habitude d'écrire pour transmettre les nouvelles et
permettre aux autres frères de suivre le vécu des fraternités.
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