Fraternité de Ciudad Hidalgo (Mexique)
(Giorgio, Santiago, Bartolomeu, Mario, Fernando et Hector [postulant] )
de Giuliano :
(du compte rendu de sa visite en qualité de Prieur)
A l’aéroport de Mexico, l’officier
d’émigration m'a dit : “bienvenido” (bienvenu)… Cette salutation
m’a fait plaisir. Après une absence de 14 mois, assez vite je me suis
senti de nouveau chez moi dans ce pays que j’ai appris à aimer en une
année de présence. La première nuit, je l’ai passée chez Eduardo, un
ami de tous les frères, qui est toujours content de nous accueillir. Le
lendemain matin, avant de prendre le bus pour Ciudad Hidalgo, je suis
allé faire une visite à la Basilique de la Vierge de Guadalupe, pour me
joindre à la foule. Chaque jour, beaucoup de gens viennent ici pour
ouvrir leur cœur et pour prier celle qui, dans une apparition, a dit à
Juan Diego de ne pas se préoccuper car… "Ne suis-je pas ta
mère ?". Je lui ai confié tous les frères et tous les amis, en
particulier ceux du Mexique et du Nicaragua. Puis j'ai continué jusqu'à
la Cathédrale où il y a une chapelle consacrée à San Felipe de Jesús,
le premier saint mexicain, qui m’est particulièrement cher car c'est un
des premiers martyrs du Japon. Terminées mes dévotions, je me suis
rendu à la gare routière pour prendre le bus qui, en un peu plus de
trois heures, m’a emmené à Ciudad Hidalgo où les frères m’attendaient.
Normalement, il faut 20 minutes en voiture pour arriver à la
fraternité… mais nous sommes passés devant la maison de Gilberto, un
ami très cher et "compadre"*
qui justement était devant la porte de sa maison… et on a dû s’arrêter
un moment pour célébrer les retrouvailles avec toute la famille.
Gilberto avait été mon compagnon de pèlerinage (à pied) jusqu'à La
Guadalupe, et nous sommes très liés.
A la fraternité j’ai retrouvé avec joie les autres frères et la maison
qui avait été "mienne" pendant quelques mois, avec la belle chapelle.
En plus maintenant il y a une annexe pour les hôtes, très belle. Les
frères peuvent donc accueillir sans problèmes une dizaine de personnes.
Comme je suis arrivé à la fin des pluies, tout était vert et plein de
fleurs, et je vous assure que la vue de la vallée et des montagnes est
unique. Les arbres fruitiers, plantés par les frères, ont grandi et le
jardin produit bien. Grâce au travail des frères, il y a des plantes et
des fleurs partout : dans la maison, (qui venait juste d’être terminée
quand je l’ai quittée), dans le cloître et aussi sur le terrain autour
de la maison. En arrivant j’ai eu la joie de connaître Hector qui en
est à son sixième mois de postulat.
Les frères m’ont dit que le
lendemain je pouvais disposer de mon temps pour atterrir et saluer
quelques voisins… ce que j’ai fait avec beaucoup de plaisir. J'ai
commencé par Tonio, mon "ahijado" (mon filleul de baptême), ensuite je
suis allé voir d'autres voisins proches, et le soir, étant donné qu'il
y avait, comme tous les jeudis, une heure de prière (la Hora Santa) à
la chapelle de Los Pozos, une des deux communautés proches des frères,
j'en ai profité pour y participer et ainsi saluer pas mal d’amis. Mais
dès le lendemain, le vendredi, nous nous sommes mis au travail pour
préparer la réunion de tous les frères du Mexique, programmée dix jours
après. Heureusement, car dès le lendemain, j'étais tout pris par
l'accueil des gens qui venaient à la maison pour me saluer, par les
visites aux amis et par les échanges avec l’un ou l’autre frère. Assez
vite, je me suis rendu compte combien les relations des frères avec les
voisins se sont approfondies et étendues… et seulement en deux ans de
présence ! Il y a déjà une belle amitié avec de nombreuses familles.
C’est très beau, très encourageant pour les frères, mais aussi très
exigeant, car les visites à la maison sont nombreuses. Cet aspect de
l’insertion parmi les gens des alentours est devenu le point fort de
cette fraternité et colore fortement les autres facettes du
projet : prière, travail et accueil. Les frères sont souvent
invités pour des mariages, anniversaires, baptêmes ou repas. Un jour,
en parlant avec Paco de cet accueil tellement amical et affectueux des
gens, il m’a dit que selon lui, cela vient du fait que le peuple
mexicain de ces régions est profondément religieux et très respectueux
des prêtres et des religieux. Or, quand en plus ces religieux vivent
proches d’eux, partagent leur vie et leur amitié dans la simplicité,
alors ils répondent avec tout leur cœur. Je suis bien sûr que, pour nos
amis de Los Pozos et Cerro Prieto (les deux communautés voisines), les
frères sont beaucoup plus appréciés et aimés à cause de ce qu’ils sont,
à cause de l’amitié simple qu’ils partagent, et non à cause de ce
qu’ils font ou pourraient faire pour eux.
Quand je suis arrivé, Mario était encore à
Chapulco, car, après avoir passé un bon moment dans sa famille en
Italie, il devait faire une visite de contrôle chez le chirurgien qui
l’a opéré de la colonne vertébrale. Il nous a rejoint à Ciudad Hidalgo
le samedi et il a pu passer une semaine avec nous avant la réunion
fixée du 4 au 6 octobre. Chema (le régional) depuis Guadalajara, et
Paco depuis Chapulco sont arrivés peu avant la réunion.
A partir du projet fondateur de la fraternité de Ciudad Hidalgo, nous
avons fait une révision de vie. Dans le dialogue qui a suivi, Paco a
pris l’engagement de rejoindre Ciudad Hidalgo dès le début de l’année
prochaine.
Les frères ont tous fait une
évaluation positive du chemin parcouru jusqu’à maintenant
au niveau de la dynamique fraternelle et de l’insertion, et ils ont
exprimé leur désir de poursuivre le projet. Ils ont aussi exprimé
combien la présence de Hector a été positive aussi bien pour la vie
fraternelle que pour l’insertion.
Jusqu’à maintenant l’accueil
a été vécu de manière assez informelle : une vingtaine de personnes
sont déjà venues partager pendant un temps la vie de la fraternité, ce
qui a permis aux frères d’approfondir l’insertion et les liens avec les
voisins. Ces liens et ces relations ont enrichi beaucoup l’expérience
des hôtes. Pour le futur, on a suggéré de voir si on pouvait commencer
à proposer des semaines avec des thèmes déterminés, tout en réaffirmant
que l’important est de partager ce qui est la richesse de la vie de la
fraternité : travail, prière, vie fraternelle et relations avec
les voisins.
Il y a eu aussi une réflexion sur
comment vivre au mieux et de manière communautaire les quelques
engagements pastoraux qui se présentent. Grâce à la présence de
Bartolomeu, les frères ont accepté la responsabilité d’assurer chaque
dimanche la célébration eucharistique dans une des deux communautés
proches de la fraternité*.
L’échange a porté en particulier sur les défis représentés par la
mentalité théologique du diocèse, marqué par un certain cléricalisme,
et le type de religiosité populaire de la région. Même si on est
toujours en admiration devant la beauté de la foi sincère des gens et
des gestes qu'ils posent pour l’exprimer, les frères voient la
nécessité d’une évangélisation et d'une formation religieuse qui
présentent davantage l’image d'un Dieu qui pardonne, qui est
miséricordieux et qui libère plutôt que celle d'un Dieu qui juge et
punit. Personnellement j’ai beaucoup aimé participer aux « Horas
Santas », aux eucharisties, et surtout aux 46 rosaires qui de
maison en maison et de jour en jour conduisent toute la communauté à la
fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre quand tôt le matin, on
chante à la Vierge « Las mañanitas 3», et aussi aux
« Posadas 4» etc.. Dans ces dévotions, j’ai toujours
l’impression d’être accompagné sur mon chemin vers Dieu par des grandes
sœurs et des grands frères dans la foi.
Le dernier soir, une
vingtaine d’amis sont venus à la maison pour fêter ensemble
l’anniversaire de Mario : un beau moment pour se réjouir des liens
d’amitié qui lient chaque frère avec les gens. Tous les frères croient
que le projet de fonder cette nouvelle fraternité a été un bon choix
pour la région, et que même s’il y a des aspects à améliorer, ils sont
sur le bon chemin.
*Je suis parrain de confirmation d’un des ses
fils.
*La venue de Paco, lui aussi prêtre, apportera
un élément nouveau à cette réflexion.
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