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Deuxième partie : Diaires des frères

Fraternité de Roquetas de Mar (Espagne)

( Juan Francisco, Juan, André)


Diaire de Juan Francisco

Juan Francisco 2011    Comme vous l'avez appris par le dernier diaire d'André, nous avons changé de maison : nous avons laissé la "Calle don Quijote" qui était plus ou moins au centre-ville, et nous sommes partis à l'extrémité de l'Urbanisation, entre "las Marinas" (où André est vicaire) et la "paroisse du port".

    Après 3 ans, nous constatons qu'il y a eu un progrès dans la connaissance du quartier surtout de ceux qui y vivent de manière permanente. Il y a des personnes très diverses : médecin argentin avec femme et enfants dans notre bloc, personnes à la retraite, quelques marginaux, dont l'un, qui habitait dans notre rue, est accueilli en ce moment dans la maison d'accueil qui a été ouvert par les sœurs dominicaines de la Présentation dans le quartier des "200 viviendas". C'est un de ceux que je connais le plus parce que je le voyais dans le quartier une fois par ici, une fois par là, recherchant sa ration d'alcool. Maintenant qu'il est dans la maison d'accueil, j'aurais l'opportunité de mieux le connaître.

    Quand je suis dans ma chambre avec les 2 grandes fenêtres coulissantes qui donnent beaucoup de lumière, je vois les enfants qui jouent (au ballon, avec la bicyclette, avec les patins, etc.). Il y a aussi le kiosque du quartier qui est un lieu de rencontre pour les gens simples dont certains, pour une raison ou pour une autre, sont assez seuls : beaucoup viennent "d'ailleurs"... mais il y a aussi des gens du pays. On y vit des moments de grande familiarité.

    Avec les dernières 3 années de crise économique, on peut voir aussi dans le quartier certaines personnes (surtout des émigrants africains, marocains, roumains, etc.), qui cherchent dans les poubelles des choses qu'on pourrait recycler : ils se déplacent à vélo ! Dernièrement j'ai vu un net progrès : un marocain a accroché, derrière son vélo, une grande caisse sur des roues afin de pouvoir recueillir le plus possible (sa caisse a plus d'un mètre cube de capacité).

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    Autre événement de notre fraternité : André a été opéré de la prostate. Il s'agissait d'une petite tumeur maligne, qui est sous contrôle. L'intervention a eu lieu à l'hôpital de Torres Cardenas à Almería. L'opération fut positive, mais le 26 décembre, nous avons dû le conduire aux urgences de Roquetas. De là, ils nous envoyèrent à l'hôpital de Torres Cardenas où il fut hospitalisé, et il y est resté jusqu'à la fête des Rois. Cela pour dire que nous avons passé la fin de l'année à l'hôpital... Nous avons aussi célébré l'anniversaire d'André à l'hôpital... Et enfin, comme cadeau des Rois, le 7 janvier, il a pu sortir et revenir à la fraternité. Ce fut une expérience de passer les fêtes de Noël à l'hôpital !

    Maintenant André va bien, il n'a pas eu besoin de chimiothérapie ni d'autre chose, ce qui indique que les choses vont bien.

    Il y eut aussi le 25e anniversaire de l'ordination sacerdotale d'André. Nous l'avons célébrée à la paroisse de "las Marinas" avec la présence de Miguel, le curé de Roquetas, de Yves, notre régional, des amis de la fraternité, et des gens de la paroisse. Miguel a félicité André pour ses 25 ans de service à l'Eglise et lui a souhaité de pouvoir célébrer les 50ans de service à "Las Marinas", si Dieu veut. Après la cérémonie, nous avons eu un repas très festif et fraternel.

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    Pour ce qui concerne Juan nous avons aussi des nouveautés étant donné que depuis juin 2011 il est à la retraite. Il a pu avoir la retraite anticipée à 58 ans, parce que, avec son handicap, il avait suffisamment d'années de cotisation. Cela signifie pour lui une nouvelle vie, et il lui faut trouver un nouvel équilibre entre prière, travail bénévole, rencontre avec les gens du quartier, service au site Web de la famille Foucauld en Espagne, comme à celui de la Fraternité.

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    Il y a eu aussi des changements dans ma vie : vraiment la vie est un changement continuel ! Si ces changements vont dans la direction de ressembler plus à Jésus, notre Maître, je pense que c'est bien... et que le Seigneur utilise tous ces événements pour nous faire croître chaque jour dans cette direction.

    A partir de mes 52 ans, on m'a accordé une allocation spéciale : subsides pour les "seniors" d'un certain âge, accordés à condition d'avoir assez d'années de cotisation comme travailleur agricole. Cela donne le droit de travailler encore dans les champs. Mais on t'enlève de l'allocation les jours que tu travailles : plus tu travailles, plus on t'enlève !

    À cette époque, je suis passé du travail dans les serres au travail à l'air libre dans des plantations d'orangers et de mandariniers. Au début, j'ai passé 3 ans, en travaillant 3 jours par semaine, à Huercal Overa, un village à 150 km de Roquetas. Comme à la fin de ce temps le propriétaire voulait vendre la plantation, j'ai cherché ailleurs et j'ai trouvé le même genre de travail dans une ferme de 5 ha d'orangers et de mandariniers, à Gador. L'ambiance était différente, et le village se trouvait seulement à 30 km de Roquetas. La ferme est entourée d'autres plantations d'orangers et de mandariniers (mais aussi d'autres types d'arbres), et elle est située à 2 km du village. Toute la maison est creusée dans la montagne, les chambres comme la chapelle. La maison sert aussi de maison d'accueil pour les retraites et les rencontres des différents groupes du diocèse d'Almería. Mais elle est utilisée surtout par les groupes du renouveau charismatique, car le propriétaire appartient à un groupe d'Almería.

    A Gador, j'ai fait ce travail pendant 3 ans... et il y a quelques mois, j'ai dit au patron qu'il devait penser à trouver une autre personne plus jeune pour travailler dans sa plantation. A mon retour de la dernière réunion régionale, le patron m'a dit qu'il était en train de chercher un financement pour Jorge et pour moi. Jorge est un jeune orphelin qui était dans un centre de réhabilitation de la drogue et qui actuellement habite dans la maison de Gador. Avec cette nouvelle, je me suis senti de renoncer à ce travail, parce que si le patron n'avait pas assez d'argent pour une personne, encore moins il en aurait pour deux ! De cette manière, il me semblait plus juste que Jorge garde le travail (et aussi le logement), et que moi, je puisse continuer à recevoir les subsides. Cela me permettrait de ne plus passer 3 jours par semaine en dehors de la fraternité, ce qui serait mieux pour l'équilibre personnel et celui de la fraternité.

    Mon engagement avec le renouveau date d'octobre 2003. Une fille, qui appartenait à la Fraternité Séculière Charles de Foucauld et qui participait aussi au groupe du renouveau de notre paroisse, m'a invité à prier avec elle et avec son groupe. Je pensais que la prière n'allait pas me faire du mal et j'ai donc accepté !

    Après une année, on m'a demandé d'être "serviteur" du groupe de Roquetas, cela signifiait d'animer le groupe, de se coordonner avec les autres groupes et de pousser pour que chacun assume les dons et le charisme que le Seigneur lui a faits pour les mettre au service de la communauté. Et voilà qu'après 2 années, les serviteurs des groupes m'ont élu pour le service de coordination des groupes de prières d'Almería. C'est le même type de service, mais au niveau du diocèse, ce qui implique quelques réunions avec les coordinateurs de Málaga,Jaén et Granada.

    Les personnes qui composent les groupes sont assez variées : retraités, travailleurs, chômeurs, sains et malades (Sida, cancer, etc.), jeunes sortis de la drogue, de la prison. Mais il y a quelque chose quinous unit : la rencontre avec le Seigneur Jésus, vivant et ressuscité au milieu de son peuple.

    Les engagements que chacun prend dépendent de son charisme. Certains vont visiter les prisonniers, un autre qui est médecin est volontaire depuis plus de 20 ans dans un centre de réhabilitation pour drogués, d'autres visitent les malades à l'hôpital, d'autres encore s'engagent dans les paroisses. En ceci nous insistons beaucoup : il n'y a pas de croissance comme disciple de Jésus sans engagement. Nous ne pouvons pas venir à la prière, cherchant à être consolés, si nous-mêmes nous ne cherchons pas à consoler les autres.

    Ce temps de responsabilité comme coordinateur m'a fait mûrir dans ma relation avec les autres, car c'est difficile de contenter tout le monde, parce que les choses ne réussissent pas toujours comme on le désirerait, et ceci m'a rendu plus compréhensif avec les responsables de la Fraternité et de l’Église, car parfois il faut prendre des décisions qui ne plaisent pas à tous, mais qui sont nécessaires. Je comprends mieux des décisions des frères responsables qui ont pu me blesser, mais je sais qu'ils l'ont fait avec toute leur bonne volonté en pensant à mon bien, et pour cela je les remercie... et en plus, cela a servi à ma propre croissance. Comme on le dit très bien : "le Seigneur écrit droit avec des lignes courbes".

    Parfois on me questionne au sujet des frères qui sont avec moi à la maison... et moi je réponds : il y a Juan, André, moi-même... et Jésus qui est présent dans l'Eucharistie au milieu de nous, comme un ami, un frère, un compagnon que nous consultons quand il y a des ombres entre nous, car Il est la Lumière du monde. L'unité et la fraternité entre les hommes sont impossibles à réaliser, mais avec Jésus, tout est possible !

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    L'année passée, nous avons eu la rencontre de la Région Méditerranée à Aguadulce (Roquetas de Mar) pendant une semaine. Le thème c'était l'émigration à Almeria, avec la collaboration d'une sœur carmélitaine qui travaille directement avec une Association pour l'intégration des émigrés. Les frères de Jésus de Málaga (Paco et Miguel), et les Petites Sœurs de Jésus de Murcia y ont aussi participé. Les réunions régionales me font prendre conscience des valeurs de la famille dans laquelle le Seigneur m'a mis : ses richesses et sa pauvreté m'aident à grandir et à donner du fruit là où j'ai été planté.

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