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Troisième partie


FLASHES ET NOUVELLES


De Gabriel
Fraternité de Lille (France)

    Depuis le 15 mai, nous avons déménagé.... Nous avons deux appartements sur le même pallier (au 5e étage sans d'ascenseur), avec un côté jour (avec la chapelle, le séjour, la cuisine et un bureau) et un côté nuit (nos 3 chambres... et nous voulons aménager la salle de séjour en chambre d'accueil). Petit à petit nous commençons à organiser nos deux appartements et à rencontrer nos voisins dans les escaliers.

    Lorenzo, un jeune italien, qui avait déjà pris connaissance avec la Fraternité à Spello et Leipzig, est venu pour un séjour plus long sur Lille. C'était un vrai bonheur de l'avoir parmi nous. Il nous a comblé par sa présence, sa joie, ses questions. Chaque jour il allait rejoindre bénévolement l'association Magdala, qui est proche des personnes vivant à la rue. Il aura marqué par sa présence et nous a permis d'approfondir nos liens avec cette association. Il est maintenant reparti pour l'Italie, poursuivant son chemin de discernement.

    Autour de la Toussaint, nous nous sommes retrouvés avec les jeunes professes de la famille Charles de Foucauld de France. Nous étions réunis une quinzaine de petits frères et petites sœurs pour quatre jours à la Houssaye en Brie. Un moment très intense pour partager sur la spiritualité et la spécificité de chacune de nos congrégations : pour moi était nouveau cet approfondissement sur nos différents charismes, enrichi d'ailleurs par la présence d'Aubierge (Petite sœur du Cœur de Jésus) et de Silvia (Disciple de l'Evangile).


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De Raoul
Arles (France)

    Ce soir, je pars en Roumanie avec des amis Roms (13 personnes).
Deux jours et deux nuits de voyage en passant par l'Italie, l'Autriche, la Hongrie et après je crois qu'on arrive «Inch'Allah!». Actuellement en Arles, il y a environ 120 Roms dont 90 que je connais...

    J'ai passé quinze jours en Roumanie. J'ai été hébergé chez une famille qui habite Arles et qui était en congé là-bas tout comme moi. La plupart des Roumains vivant sur Arles proviennent du village de Condesti et j'ai pu visiter leurs familles. Tous étaient contents que je sois venu et que je puisse rester avec eux. Je fus très content de connaître le lieu où ils habitent et de rencontrer ceux qui ne partent pas à l'étranger : souvent des vieux parents âgés et des enfants. Chaque famille a un membre qui est parti en Italie, Espagne, Allemagne, France ou ailleurs... Sur Arles, ils sont chaque jour plus nombreux. Lorsque je leur dis « Arrêtez, il n'y a plus de place dans les squats », On me répond « Comment! On ne peut refuser à un cousin, à un frère, à un ami de tenter sa chance ». Alors on leur fait une petite place, ce qui n'est pas sans causer de problème, vu le nombre. « Mais quand même ça va! ».

    Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles. Les gens donnent moins lorsqu'ils « font la manche ». On compte sur les fêtes de Noël pour que les gens ouvrent leurs cœurs et le porte-monnaie. J'admire leur courage tout de même malgré les ennuis qu'ils ont chaquejour. Mais comme chaque jour qui vient est un jour nouveau, ils espèrent que ça ira mieux après !

    On a fêté avec les Marocains «L'Aïd El Kébir», le sacrifice d'Abraham. C'est une bonne occasion pour visiter les familles, partager le repas de la fête et pour souhaiter « Bonne Fête » à ceux que je rencontre dans la rue.

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De Michel
Fraternité de Villeneuve la Garenne et L’Île Saint-Denis (France)

    C'est bien à cause de bouts de chandelles que le feu à pris dans notre cuisine ! En voulant réaliser trois choses en même temps, j'ai laissé de la cire sur une plaque électrique... Je suis sorti pour deux minutes... J'ai claqué la porte en oubliant les clefs... Notre voisine et amie a composé le 18 ! Les pompiers n'ont pas tardé ! Je n'ai pu que regarder les pompiers venir (avec masse, soufflerie, tuyau d’eau), entrer, éteindre le sinistre et jeter par la fenêtre tout le mobilier de la cuisine. Je n'ai reçu que des paroles de réconfort : des pompiers, de la police municipale, des voisins (tous rassemblés dans la cour)... Cela m'a aidé à ne pas trop me décourager. Le feu est resté dans la cuisine, mais tout l'appartement a été noirci par la suie grasse et nocive. L'appartement est à refaire en totalité. Les experts en assurances, les équipes de décontamination sont venues. On ne peut que dire merci à tous les amis, les voisins, les frères et les sœurs qui nous aident à nettoyer et ànous réinstaller.


De Gilles

    Oui, c'est un soulagement grand d'être enfin "à la maison". Malgré mon penchant inné pour la vie nomade, l'âge, l'usure et la fatigue ne me permettent plus comme auparavant de goûter l'improvisation et le dépouillement qu'exige "la vie entre deux chaises". La semaine dernière, Michel et moi, nous étions donc heureux de retrouver notre appartement "plus blanc que blanc!". Belle invitation à vivre au propre et à nous dépouiller de tant de "superflus " accumulés et abandonnés par les uns et les autres au long de ces douze années de fraternité et dix années d'accueil et de formation (visites, stages, postulats, études, récollections et simples séjours dans la région parisienne de tant de frères, d’amis ou de familles).

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De Tullio
Fraternité de Villeneuve la Garenne et L’Île Saint-Denis (France)

    Au moment de ma retraite, j'avais été appelé à m'engager comme bénévole dans l'association "Solidarité Jean Merlin", du nom de son fondateur, travailleur social dans le 18e arrondissement de Paris, diacre, mort à la tâche.

    Le but de l'association est de donner une adresse administrative à toute personne privée de domicile ou d'une adresse déclarable : cette adresse étant indispensable pour toute démarche administrative ou pour l'obtention d'avantages sociaux.

    L'association compte actuellement entre 2500 et 3000 personnes inscrites. Elle reçoit aussi bien des demandeurs d'asile, ou des étrangers demandant un titre de séjour ou simplement l'aide médicale, que des «gens de la rue», des personnes qui ont perdu pieds face à une société difficile ou dans le monde du travail ou en rupture des liens familiaux, et aussi des «gens du voyage».

    Situations souvent dramatiques et angoissantes. Angoisse aussi pour nous, de ne pas pouvoir recevoir des demandes de plus en plus nombreuses, de travailler souvent dans le stress de l'urgence. Précarité des bénévoles souvent occasionnels ou peu formés à des tâches demandant des connaissances de plus en plus techniques et compliquées par une administration de plus en plus exigeante.

    Cependant par cette tâche souvent aride et bureaucratique, j'essaie d'être au service et de me rendre solidaire de tous ces hommes et ces femmes les plus en marge de notre société, « les plus petits d'entre mes frères » dirait Jésus.

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De Philippe*
Diocèse de Maroua (Cameroun)

steven P    Chez nous beaucoup de travail, mais ça va. Je pense souvent à la parabole du grain qui pousse tout seul : "qu’il dorme ou qu’il veille, la semence germe, produit la tige et le fruit...". Quel mystère ! On a parfois l’impression de faire du sur-place ou d’aller à reculons, mais il semble que ce n’est pas le cas. L’évêque de Cambrai qui était à Libreville pour la réunion des évêques d’Afrique Centrale nous disait cette boutade : "Dans l’Eglise, ça ne marche jamais, mais ça avance toujours ! ".

    Nos Petits Frères du Cœur de Jésus* ont fait à Gazawa (Nord Cameroun) un "mini-chapître" avec les 5 frères profès, pendant une semaine. J’ai pu assister à plusieurs de leurs rencontres et moments de prière. C’était très bon, comme un nouveau départ.

Et moi je suis encore là, avec mes pieds qui me jouent de temps en temps des mauvais tours, mais à part cela ça va. C’est ma dernière année, si le pape veut bien accepter ma démission 9 ! Merci à Dieu pour tout ce qu’il m’a donné et me donne de vivre.

    Nous avons bien fêté l’entrée au Paradis de Georges Truchot, il a passé tant d’années ici, tant de gens le connaissent ! La célébration pour lui s’est faite ici dans sa paroisse de Mayo-Plata.

* Notre frère Philippe est évêque du diocèse de Maroua-Mokolo.
* Congrégation locale au Cameroun et à la Centrafrique s’inspirant de Charles de Foucauld.

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De Roger et Jean
(Fraternité de Nyons, France)

    Georges nous a quittés le 3 septembre, en silence... Depuis plus d’une année, il était déjà bien fatigué et avait fait plusieurs séjours en hôpital. La veille de sa mort, il se disait très fatigué, épuisé. Son ami, le père Paul Maubert lui a dit "je vais dire avec toi la prière du Père de Foucauld". Ce fut sa dernière prière. Dans sa vie missionnaire au Cameroun durant 50 ans, il a vécu très proche des frères du Mayo Ouldémé*. D'abord Petit Frère de Jésus, il a été ensuite le premier prêtre séculier du diocèse de Maroua-Mokolo. Durant ces dernières années de maladie, il fut accueilli chez les frères à Mayo avant de revenir en France depuis quelques années. Georges a fait un vrai travail de missionnaire : il voulait être simple, ami de tous. Il a beaucoup fait pour traduire des livrets de catéchèse. Combien d’heures a-t-il passé à faire des images, en particulier les images de la Passion de Jésus : "dessiner" était sa prière.

* Mayo Ouldémé, Nord Cameroun.

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