Diaire
de Joseito
( Fraternité de Bojo, Venezuela) :
J'ai
quitté le Venezuela, maigri et très affaibli, pour me faire opérer
d'un cancer à l'intestin. A mon arrivée à Bruxelles, j'ai été
reçu par Gilles
qui m'a conduit le jour même à la clinique St Jean, où on m'a
opéré de deux lésions cancéreuses, après quoi je reçois un
traitement de 12 chimios (2 par mois) Je dois remercier
particulièrement l'attention du personnel de la clinique et
maintenant les frères de la Fraternité Centrale qui, en plus de
leur tâche, doivent s'occuper des malades. Nous avons été trois à
coïncider à ce moment-là avec Patricio et Jean-Louis, venus tous
les deux pour une opération de la hanche.
Cet
arrêt sur le chemin n'était pas dans "mon programme".
J'ai passé plusieurs jours marqués par les changements et
l'insécurité pour l'avenir. Mais grâce à Dieu, je l'assume peu à
peu. J'ai reçu beaucoup d'appui de la part de ma famille et des
frères. J'ai reçu aussi beaucoup d'appels des amis du Venezuela.
Je
dois aussi à la maladie, d'avoir commencé à utiliser l'ordinateur
et les courriers électroniques. Cela me permet d'établir des
contacts avec beaucoup d'amis : il n'est jamais trop tard pour
apprendre… Je vis ce moment comme un temps sabbatique.
Heureusement
les chimios ne me gênent pas. Je peux donc vivre ce temps d'une
manière relativement relaxée. Je partage la prière avec les frères
et les amis de passage. Cette prière ici a un accent particulier,
mystique, parce qu'elle est dirigée à Dieu pour toutes les
fraternités et chaque frère… Ici les visites ne manquent pas :
frères et sœurs, membres de la Fraternité Séculière et de
l'Union Sacerdotale, amis de la colonie japonaise de Bruxelles, grâce
à Giuliano : je ne partage par leur langue, mais leur spécialité
culinaire ! De temps en temps passe l'un ou l'autre bénédictin de
l'abbaye de Wavreumont. J'essaie d'être attentif à ce que vit
chacun. Et si l'on sort dans la rue, on est pris tout de suite dans
une ambiance multiculturelle. A l'église paroissiale voisine, on
partage la prière avec des chrétiens belges, africains ou
latino-américains : Il y a parfois la messe en 4 langues.
Entre
les différentes chimios, je suis parti rencontrer ma famille et
visiter quelques fraternités. C'est aussi une étape privilégiée
pour vivre avec plus grande sérénité et disponibilité ce qui est
une dimension importante de notre vie : la prière. Je dis cela pour
moi-même. Comme le dit Thérèse de Lisieux : "Ma vocation
c'est l'amour". Nous pouvons le vivre…
J'ai
pu lire ou relire plusieurs livres sur Charles de Foucauld, cela
m'aide à préciser certains aspects de sa vie que l'on a laissé un
peu dans l'ombre.
Je
voudrais terminer avec quelques réflexions personnelles sur
"l'Espérance qui nous habite".
Nous
constatons tous que nous vivons dans une étape de transition. Notre
Eglise passe par un moment difficile car nous avons de la peine à
trouver des réponses aux défis nouveaux. La tentation est de
chercher la sécurité dans un retour au passé.
Je
vois des signes d'Espérance dans le fait qu'il y ait davantage de
communication entre les différents groupes de la Fraternité, les
Fraternités religieuses entre elles, les Fraternités Séculières
et la Fraternité sacerdotale.
Je
vois aussi plein d'Espérance dans le développement actuel des
Fraternités Séculières que nous pouvons appuyer ou aider à naître
là où elles n'existent pas encore : c'est notre propre expérience
au Venezuela.
Nous
vivons depuis plusieurs années aussi des expériences de fraternités
ouvertes à tous où nous partageons les valeurs de notre
spiritualité. La Fraternité de Spello a commencé il y a déjà
longtemps. A Bojo au Venezuela, il y a 7 ans. A La Roque en France,
il y a 10 ans. Au Mexique, les frères ont un projet à Ciudad
Hidalgo. Et il y a d'autres projets ailleurs.
Je
ne crois pas me tromper en disant que beaucoup de chrétiens vivent
en ce moment une plus grande recherche de foi et de prière. Nous le
constatons dans les "Semaines de Nazareth", mais aussi dans
les fraternités où les voisins viennent partager l'Eucharistie et
la prière des psaumes.
Autre
motif d'Espérance : je vois que nos fraternités ont la
préoccupation de répondre aux nouveaux défis d'aujourd'hui. Sans
laisser le travail manuel, des frères travaillent dans des
associations en recherche de solutions aux réalités liées à
l'émigration, à l'intégration des cultures, au chômage. Il y a
des frères qui participent à des rencontres inter-religieuses,
d'autres à la formation des catéchumènes qui sont une petite
espérance au milieu de l'indifférence religieuse…
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