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Fraternité de Ciudad Hidalgo (Mexique)
Giorgio, Mario, Jay, Bartolomeu, Fernando, Paco


    Diaire de Mario


mario
    A moins d'une demi-heure en voiture de notre fraternité, et en laissant la route goudronnée qui va jusqu'au village de Tuxpan, une petite vallée s'ouvre. Elle est cultivée en jardins, blé, avoine et glaïeuls. En suivant un chemin en terre qui va vers une chaîne de montagnes, on trouve notre nouvel ermitage : il y a 2 pièces rondes communiquant entre elles : cela ressemble beaucoup à une maison africaine (comme celles qu'on voit dans les cartes postales).

Pendant notre recherche d'ermitage, la
Providence s'est rendue présente. Un jeune de Ciudad Hidalgo travaille dans le nord du pays dans un centre pour émigrants et nous visite quand il vient voir sa famille. Sachant notre soif d'avoir un ermitage, il a demandé à sa famille de nous prêter cette petite maison qui a été construite uniquement pour ne pas perdre une partie de leur terrain. De suite, avec les frères, nous avons commencé les travaux: il fallait sortir tous les matériaux qui étaient restés là (bois, ciment durci, briques, paille…), nettoyer dedans et dehors, mettre des vitres à la porte et aux fenêtres et peindre. Giorgio en regardant l'ermitage a dit: "Il nous attendait !"

Après avoir fini tous ces travaux, nous avons amené une petite table,
un lit, un réchaud et des outils. Puis nous avons provisoirement arrangé la chapelle et les autres espaces… et voilà que l'ermitage est prêt pour m'accueillir. J'y ai passé une semaine de retraite avec des climats très variés : soleil et chaleur, froid et vent, brouillard et petite pluie, et aussiun terrible orage qui m'a fait penser au prophète Elie dans la grotte. Tous ces différents climats ont été merveilleux pour inaugurer cet ermitage que j'ai baptisé San Francisco de la Ciénega, parce que j'ai commencé la retraite après l'élection du nouvel évêque de Rome et parce que la Ciénega est le nom du lieu où se trouve l'ermitage, à cause d'une source d'eau.

Pendant la journée, derrière l'ermitage, on voit un paysage austère de
montagnes, mais devant l'ermitage, pas très loin, on remarque les différentes nuances de couleurs : le vert des cultures, le jaune intense de la paille qui reste après avoir coupé les blés, et le marron obscur de la terre labourée, toutes ces tâches de couleurs ressemblent à de grands mouchoirs qui sèchent au soleil. Pendant la nuit, il y a derrière l'ermitage l'obscurité des montagnes avec le ciel étoilé, et devant l'ermitage, les lumières artificielles de la civilisation.

Le jour, dans les montagnes nues, on aperçoit des troupeaux de
chèvres avec un cavalier qui les fait paître chaque jour, des vaches et de beaux chevaux : ce sont comme des miniatures qui se confondent avec les couleurs du paysage … et on entend les bruits de la nature et de ceux qui l'habitent. Dans cette austérité, et cette solitude, rien ne me fait peur, et je ne sens rien qui ressemble à un vide négatif. Charles de Foucauld disait : "Il faut se vider pour se remplir de Dieu", mais il faut être patient avec ce "nada" (rien), et c'est ce qui est le plus difficile à assumer. Dans ce contexte, on fait une très belle expérience : l'intensité de la lumière du soleil et de la chaleur réveille petit à petit la vie qui prend un rythme plus intense avec les heures qui passent. Tout se réveille et prend force jusqu'au moment où la lumière et la chaleur commencent à baisser. Tout revient alors à la tranquillité d'avant la tombée de la nuit. Je sens que notre vie suit la même vie : ascendante et descendante.

Ce sont des moments dans lesquels Dieu se rend proche avec beaucoup d'amour et veut, avec sa douceur, trouver un lieu en moi. La présence de Dieu m'entoure, m'englobe, c'est une histoire d'amour, un acte d'amour. Tout, avec le temps, peut être enseveli, mais l'amour, non. Beaucoup de théologiens, de biblistes, d'exégètes examinent,  recherchent, supposent, ont l'intuition de ce qu'il y a derrière chaque mot de l'Ecriture : ils veulent entrer dans la profondeur du mystère et continuent avec leur verbiage. Mais, en ce moment, Dieu me dit de rester en sa présence, devant lui. Sa révélation c'est de me montrer son amour et sa miséricorde et m'inviter à vivre de l'amour. C'est l'invitation du psaume 27 : "C'est ta face, Seigneur que je cherche".

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