KENYA

De la fraternité d'études à Nairobi
(
Clémenti et Gil avec Alain et Edouard)


  De Clémenti

Clementi        Le premier mois de cette année d’étude correspond au second semestre de notre cours au Centre catéchétique.

   Permettez-moi de partager par ces quelques lignes, mon expérience de vie communautaire en tenant compte que le nombre de frères dans notre Région est petit. J’ai toujours l’espoir que la semence de l’Esprit que notre bien aimé frère Charles a semée, grandira dans notre Région, malgré le défi de l’âge de nos frères Georges et Alain qui sont les premiers témoins de la spiritualité de Charles de Foucauld dans notre Région de l’Afrique de l’Est.

      Ici à Nairobi, à la fraternité de Kangemi, nous allons bien, nous sommes quatre frères, Alain et Édouard ont déjà un certain âge, et Gil et moi sommes encore jeunes.

   Dieu semble aimer nous appeler à faire ensemble une communauté même si, humainement parlant, nous sommes très différents, venant de différentes cultures, classes et pays. La plus belle communauté se crée justement à partir de cette diversité des personnes et des tempéraments. Nous n’aurions jamais choisi de vivre ensemble l’un ou l’autre, car humainement parlant cela semble un défi impossible à relever ! Mais l’impossible devient possible parce que nous avons la conviction intérieure que Dieu nous a choisis pour vivre ensemble avec amour, comme des frères dans la même communauté, comme dans une famille avec père, mère, et enfants. Nous ne comptons plus sur nos propres capacités, mais sur notre Père qui nous appelle à vivre ensemble, ce Père qui nous donne un cœur et un esprit nouveau pour être témoin de l’Amour. Par cet Amour, ici à Kangemi, nous essayons de vivre les 3 piliers de notre vocation : la vie communautaire, la vie de prière et la vie avec les « petits » de la société. A cause des études, nous avons 30 à 40 minutes de prière silencieuse chaque matin, avant de partir pour l’école. Le soir, nous avons un temps de prière communautaire, suivi du souper pendant lequel nous partageons sur ce que fut notre journée. Chaque mois, chacun de nous prend deux ou trois jours de retraite en ermitage. Chaque mercredi, nous participons à un groupe de partage d’évangile avec des laïcs et nous prions ensemble soit dans notre chapelle soit dans leurs maisons. Quand nous prions ensemble, avec nos voisins, leurs prières sont simples et très touchantes, et cela m’aide à rester plus fidèle à la prière.


  De Gil
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Gil    Je voudrais partager brièvement mon expérience de vie à la fraternité, les joies ainsi que les défis.
   
    Après une assez longue expérience de vie comme frère, je me sens porté par Jésus que je rencontre dans mes confrères de cours (avec les faiblesses de chacun) et dans les gens avec lesquels je vis. La vie communautaire, pour moi, est une nourriture pour ma vie spirituelle et aussi une manière de me découvrir moi-même. La simplicité de vie en petits groupes de frères, comme les témoignages de la présence de Jésus au milieu des gens, dit réellement quelque chose à ma vie ; cela me donne la joie de vivre, malgré les faiblesses de chacun. La vie de Nazareth rentre de plus en plus dans mon cœur au fur et à mesure que je vis au milieu de gens, pauvres matériellement, mais très riches en joie. Notre partage de vie, dans le service pastoral, nourrit mon âme. J’apprends à donner le peu que j’ai et à recevoir beaucoup des autres. Le partage régulier en révision de vie m’aide à m’ouvrir à mes frères, bien que ce ne soit pas facile, mais cela me fait du bien, car l’expérience de vie des autres me fortifie, si tout ceci est partagé de manière libre et  spontanée.

    C’est toujours enri­chissant d’être en lien avec l’expérience des autres Régions. J’ai été très enthousiasmé de connaître ce qui se vit dans d’autres régions et j’ai été réellement très heureux quand j’ai appris que je devais aller au Cameroun pour mes études théolo­giques.
  
Clementi et Gil    Finalement, le temps est venu, et je me suis retrouvé au Cameroun loin de ma région et de ma famille. Le début n’a pas été facile, avec les difficultés de la langue, une nouvelle culture, une nouvelle nourriture, et le style de vie d’une nouvelle communauté. J’avais espéré qu’après un certain temps, les choses allaient changer. Malheureusement, la suite n’a pas répondu à mon espoir, car je n’ai pas été capable de m’adapter au nouveau style de vie communautaire. Bien sûr, je remercie Dieu et les frères, car j’ai goûté à une autre manière de vivre dans une culture différente, ce qui aide toujours à m’ouvrir l’esprit et à mieux apprécier la richesse de nos diversités. Je suis sûr que je n’ai pas perdu mon temps comme quelquefois j’ai pu le ressentir. J’ai étudié le Français et je peux maintenant communiquer sans avoir besoin d’un traducteur. J’ai connu des frères que je n’aurais pas eu la possibilité de rencontrer. J’ai été impressionné par la petite communauté chrétienne qui m’a aidé à partager mon expérience de vie d’une manière spontanée, etc. C’est dommage qu’il n’y ait pas de communication depuis que j’ai quitté la Région du Cameroun. J’espère qu’il y aura de nouveau la possibilité de faire quelque chose ensemble dans le futur.


    Ici à Nairobi, je me sens beaucoup plus à l’aise, heureux avec ce que je vis. J’ai commencé les études au début d’août de l’année dernière. Le semestre s’est terminé très vite. Nous avons été vraiment très occupé par les cours, les travaux de recherche, personnels ou en groupe. C’est vraiment intéressant et nourrissant car ça me permet d’approfondir ma foi. J’apprends à connaître mieux le plan de Dieu sur l’homme, spécialement dans ma vie. J’ai pris neuf ‘unités’, quelques-unes d’entre elles me fascinent, principalement la christologie, pas toujours facile à comprendre, mais ça ouvre beaucoup à la connaissance de Jésus Christ et de sa mission ; puis l’introduction au Nouveau Testament qui est orientée sur l’histoire du Salut ; et l’histoire de l’Église qui est un enchaînement d’expériences positives et négatives par lesquelles notre Mère l’Église est passée. Les professeurs sont très bons, bien que certains soient parfois décourageants. Je remercie Dieu pour ce que je reçois.


    J’ai quelques activités pastorales à la paroisse. J’aide dans l’accompagnement des parents qui demandent le baptême pour leurs enfants. C’est vraiment intéressant : souvent un des parents est catholique et l’autre protestant. La plupart des hommes sont catholiques et les femmes sont d’autres dénominations chrétiennes. Les femmes sont celles qui viennent à la catéchèse, elles sont plus libres que leurs maris qui sont occupés par le travail, même le dimanche. Ce programme catéchétique est vraiment bien fait pour affermir la vie chrétienne des enfants qui seront baptisés et de leurs parents. Nous savons tous que les femmes sont celles qui restent le plus avec les enfants dans la famille. Les couples que j’ai préparés récemment n’étaient pas officiellement mariés à l’Église. Je trouve très important cette préparation de trois mois. C’est vraiment une manière d’annoncer l’évangile et en même temps, une catéchèse progressive pour les familles. J’ai été très heureux d’être intégré à ce programme comme assistant catéchiste, parce que ça m’aide à mettre en pratique ce que j’apprends en classe. J’ai eu l’occasion d’assurer l’entière responsabilité quand le catéchiste est parti en congé pendant presque deux mois. J’ai apprécié la participation des parents, bien que leur niveau de connaissance soit assez bas, mais par contre, ils étaient bien motivés.