VENEZUELA


De René de la fraternité de Ciudad Bolivar


 

Rene
    Novembre… Fête de tous les défunts et de tous les Saints.

Tous les Saints… En cette litanie solennelle de la liturgie, je veux faire mémoire de St François qui a amadoué le loup de Gubbio ! Puisse le pape François arriver à amadouer les loups qui sont lâchés au milieu de notre monde ! Je veux faire mémoire aussi de St Romero des Amériques et de notre bienheureux frère Charles qui a semé dans le désert.

    Faisons aussi mémoire de Chuy (Jesus) de Caracas et de Joseito de Bojo, ainsi que de tous les petits frères qui nous ont précédés.


    Il y a déjà un certain temps que je pense vous remercier pour cette rencontre si fraternelle à Gubbio (du 27 juin au 4 juillet 2018). Ce fut pour moi un appel à me retirer sur la montagne pour prier et me reposer avec le Seigneur avant de retourner au Venezuela.

    
J’en ai profité pour aller visiter ma famille : mon frère, ma belle-sœur, mes neveux et mes cousins. J’ai retrouvé la maison familiale où je suis né et qui est maintenant la résidence secondaire d’une de mes nièces. Lorsque j’y vais, j’ai l’habitude de faire du feu dans la cheminée pour rendre présent les souvenirs de mon enfance. Je retourne à l’église où j’ai été baptisé … on ne célèbre plus la messe dans mon village. Cependant même si la petite lumière du tabernacle brille encore … je la trouve déserte comme si c’était le St sépulcre… Je reste de longs moments seul en prière… mais bien heureux.

Mario    Et au mois d’Août, je suis retourné au Venezuela, un pays ébranlé à cause des incertitudes qui s’y vivent. Je suis passé visiter Mario à Bojo qui vit tranquille et en paix. Il est bien entouré. Après avoir soigné tant de personnes, c’est à lui d’être soigné. Il continue à accompagner ce peuple par sa présence amicale et sa prière.

    J’ai écrit : « un pays ébranlé » : vous avez beaucoup de nouvelles sur la situation actuelle et je ne vais pas faire plus de commentaires sur cette crise extrême « sans précèdent ». Un pays « qui se détruit » sans guerre, sans  catastrophe naturelle, sans explications.


   
Crise terrible que celle que vit le Venezuela, notre région et notre monde ! Cette crise globale nous interpelle tous, et nous restons sur le plan humain, sans réponse ! Comme si personne ne voulait se regarder dans le miroir de cette crise terrible, tant elle nous effraie. Cependant, ma surprise a été grande de trouver, par hasard, une réponse, à Paris, dans un livre de Maurice Bellet "La Quatrième hypothèse sur l’avenir de Christianisme". Lu depuis le Venezuela « où tout s’écroule », ce livre a une grande portée. Je vous le recommande, ne pensez pas qu’il se situe en dehors de notre réalité et de notre actualité. Je me permets d’en citer un passage : "L’amour exclut l’abandon. Il y a des éloignements nécessaires ou inévitables. Mais le rejet, non ! Cette fidélité peut être rude, douloureuse et sans fruit apparent. N’empêche, il est de la vérité de l’amour de toujours aimer, même par-dessus le vide."

    Dans « Crier l’Evangile par la Vie »… il y a cette centralité de l’Evangile pour sortir de toute crise, la Pâques, la Pentecôte, comme pour les Apôtres, la Première Annonce ! La mission des « Frères de l’Evangile » aurait-elle un futur ? Nous aurons à la renouveler en ces temps de post-modernité qui nous touchent.


    Que l’Esprit puisse nous illuminer et nous accompagner pour naître de nouveau dans ce monde renouvelé en gestation, pour, en cette Fête de Noël, commencer un nouveau cycle d’humanisme évangélique.