Chapitre de Gubbio

Une première semaine intense

Une vingtaine de frères sont arrivés le 8 juin, dans l'après midi, à Gubbio, petite ville nichée au cœur de l'Ombrie; certains, venant de Spello, tout proche, n'ont fait que quelques kilomètres, d'autres, qui arrivaient de Bolivie ou du Kenya, ont du faire de longues heures d'avion. Durant trois semaines va se tenir ici le Chapitre des Petits frères de l'Evangile. Tous les 6 ans, c'est un temps fort pour raviver la communion entre tous les frères, toutes les fraternités, et décider des orientations pour le futur. Et élire le prieur et les frères de la Fraternité générale.

"Sommes-nous des lumières? Sommes-nous le sel de la terre?" Pour Joji, qui ouvrait le mardi matin ce Chapitre, l'évangile proposé par la liturgie de ce jour est une très bonne introduction. "Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre." "Le sommes-nous?", se demandait le prieur. "On ne peut que constater notre faiblesse; et la pauvreté de chacun, la pauvreté des fraternités. Est-ce une raison de désespérer? Ne faut-il pas faire une large place à l'espérance, dans les autres, dans l'Eglise, dans nos frères, en nous? C'est la tâche de ce chapitre qui doit nous mettre en face de notre vocation, cette vocation que nous avons reçue, pour qu'on la vive dans la confiance et dans l'espérance", estime Joji.

Sous la conduite d'amis de Gubbio, les frères ont été à la découverte de cette ville fière de ses traditions et de ses superbes maisons de pierres.

Le lendemain, une journée de retraite animée par le P. Michael Czerny, s.j.; il a choisi une phrase de Jésus dans l'évangile de Marc, qui a appelé ses disciples "pour qu'ils soient avec lui, et pour les envoyer…". "Etre avec… c'est presque votre slogan!", commenta le P. Michael. Ici, on peut l'interpréter de deux manières: est-ce Jésus qui a besoin de ses disciples? Ou est-ce eux qui ont besoin de lui? Question ouverte! Mais il y a ce paradoxe: "être avec lui pour être envoyé"; les disciples sont appelés pour être chargé de quelque chose, d'une mission, pour annoncer l'évangile… Qu'est-ce que ça veut dire, pour vous, évangéliser, là où vous êtes ? Et il commenta cette option de la Fraternité pour les plus pauvres par une réflexion du pape, faite au Cameroun à propos des malades du sida: "Une véritable amitié surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent… Cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans des situations d'épreuves." Une véritable amitié, c'est la traduction de "être avec"!

Pour la soirée, les frères avaient invités des amis de Gubbio. Un excellent repas, puis chants de tous pays et danses auxquelles même les petits enfants ont participé.

Le jeudi a été consacré à un tour d'horizon des fraternités dans le monde; une trentaine de lieux où vivent des frères, éparpillés sur trois, même quatre continents… Chaque région a pu se présenter, avec ses ombres, ses lumières. Parmi les défis auxquelles elles sont confrontées, il y a la dispersion, donc les relations entre les fraternités; la relève et l'accompagnement des jeunes; l'intérêt certain pour la spiritualité de Nazareth en même temps que la difficulté à faire connaître les fraternités. Lumières aussi que sont les ouvertures d'une fraternité à Leipzig, en Allemagne,  et à Ciudad Hidalgo, au Mexique.

Le vendredi, les trois frères de la Fraternité centrale ont présenté un bilan, beaucoup sous forme de questions, à propos des régions, de leur avenir, de la formation et du thème de ce Chapitre, 'obéissance et communion'. Samedi, il s'agira de déterminer les thèmes ou points de réflexion qui constitueront une bonne partie du programme des deux semaines à venir.

(Yvan, de Gubbio)