Mystère
de la Visitation
Texte
de
Christian
de
Chergé.
J'imagine
assez
bien
que nous
sommes
dans
cette
situation
de
Marie
qui va
voir
sa
cousine
Élisabeth
et qui
porte
en elle
un
secret
vivant
qui
est
encore
celui
que
nous
pouvons
porter
nous-mêmes,
une
Bonne
Nouvelle
vivante.
Elle
l'a
reçue d'un
ange.
C'est
son
secret et c'est
aussi le
secret
de Dieu.
Et
elle
ne
doit pas
savoir
comment s'y
prendre
pour livrer
ce secret.
Va-t-elle
dire quelque chose
à Élisabeth?
Peut-elle
le dire?
Comment
le dire?
Comment
s'y
prendre?
Faut-il
le cacher?
Et
pourtant,
tout
en elle déborde, mais
elle
ne sait pas.
D'abord
c'est
le secret
de Dieu. Et puis,
il
se passe quelque chose de semblable dans le sein d’Élisabeth.
Elle
aussi porte un enfant. Et ce que Marie ne sait pas trop,
c'est
le lien,
le
rapport,
entre
cet enfant qu'elle
porte et l'enfant
qu’Élisabeth porte. Et ça lui serait plus facile de s'exprimer
si elle
savait
ce lien.
Mais
sur ce point précis,
elle
n'a
pas
eu
de révélation,
sur
la dépendance
mutuelle
entre les deux
enfants.
Elle
sait
simplement
qu'il
y
a
un lien puisque
c'est
le
signe
qui lui a été donné:
sa
cousine Élisabeth.
Et
il
en est ainsi de notre Église qui porte en elle une Bonne Nouvelle
- et notre Église c'est
chacun
de nous - et nous sommes venus
un peu comme Marie,
d'abord
pour rendre service
(finalement
c'est
sa première ambition) ...
mais
aussi,
en
portant cette Bonne Nouvelle,
comment
nous allons nous y prendre pour la dire ... et nous savons que ceux
que nous sommes venus rencontrer,
ils
sont un peu comme Élisabeth,
ils
sont porteurs d'un
message qui vient de Dieu.
Et
notre Église ne nous dit pas et ne sait pas quel est le lien exact
entre la Bonne Nouvelle
que nous portons
et
ce message qui fait vivre
l'autre.
Finalement,
mon
Église ne me dit pas quel est
le lien
entre le Christ et
l'Islam.
Et
je vais
vers
les musulmans
sans
savoir
quel est ce lien.
Et
quand Marie arrive,
voici
que c'est Élisabeth qui parle
la première.
Pas
tout à fait exact car Marie a dit:
as
salam
alaikum !Que
la paix
soit avec
vous!
Et
ça c'est
une chose que nous pouvons faire. Cette simple salutation a fait
vibrer quelque chose,
quelqu'un
en Élisabeth. Et dans sa vibration,
quelque
chose s'est dit...
qui
était la Bonne Nouvelle, pas toute la Bonne Nouvelle,
mais
ce qu'on pouvait
en percevoir dans le moment. D'où
me vient-il
que
l'enfant
qui est en moi
a
tressailli?
Et
vraisemblablement,
l'enfant
qui était en Marie a tressailli le premier. En fait,
c'est
entre les enfants
que cela s'est
passé cette affaire-là …
Et
Élisabeth a libéré le Magnificat
de
Marie.
Finalement,
si
nous sommes attentifs
et si nous situons
à ce niveau-là
notre rencontre avec
l'autre,
dans
une attention et une volonté de le rejoindre,
et
aussi dans un besoin de ce qu'il
est et de ce qu'il
a à nous dire,
vraisemblablement,
il
va
nous dire quelque chose qui va
rejoindre ce que nous portons,
montrant
qu'il
est de connivence
...
et
nous permettant
d'élargir
notre Eucharistie,
car
finalement,
le
Magnificat
que nous
pouvons,
qu'il
nous est donné de chanter: c'est l'Eucharistie.
La
première Eucharistie
de
l’Église, c'était
le Magnificat
de
Marie.
Ce
qui
veut
dire le besoin
où nous
sommes
de
l'autre
pour
faire
Eucharistie:
pour
vous
et
pour la
multitude
...
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