Notre Frère François Vidil
François
venait d’avoir 86 ans. Il est décédé à Versailles dans un
centre de soins palliatifs le 3 novembre 2013.
Il
est né dans le nord de la France où son père travaillait pour les
mines, mais toute la famille (7 enfants dont François était l’aîné)
est partie s’installer à Versailles.
En
1953, François s’oriente vers les Petits Frères de Jésus et fait
son noviciat à El Abiodh, en Algérie. Il est envoyé au Pakistan
puis en Inde où il va découvrir toute la richesse de la musique
indienne qu’il va étudier avec passion.
En
1964, il est envoyé à Chamavéré, en Angola pour prendre en charge
la fraternité confiée aux Petits Frères de l’Evangile. Il est
ordonné prêtre le 31 juillet 1965. «
je commence à aimer vraiment ce petit peuple qui mérite tellement
qu'on l'aime. Mais, être responsable, sera souvent bien lourd pour
moi. Je confie à votre amitié et votre prière, notre fraternité,afin
d'être, pour les K'ungs de vrais témoins de l'amour de Jésus. »
En
1970, dans un contexte politique difficile de la guerre
d’indépendance, les frères et les coopérants sont violemment
chassés. François en sort avec un tympan en moins et avec une
nouvelle passion : la catéchèse ! Il part à Abidjan et compose «
Contes et Proverbes Africains », un recueil pour aider les
catéchistes à puiser dans la sagesse de leur propre culture.
Avec
l’appui des communautés chrétiennes du Nord Cameroun et l’aide
de beaucoup d’amis, il lance le projet
« Jésus Mafa », 60 images illustrant la vie de Jésus. Ces images
sont utilisées aujourd’hui dans le monde entier, et on les
retrouve dans beaucoup de publications.
En
1973, François est à Trosly, dans l’Arche de Jean Vanier. Il va
vivre 2 ans avec les plus petits de nos sociétés qui portent un
handicap. C'est grace à eux que sa passion pour les plus petits ne
le quittera jamais.
En
1975, François arrive à Yaoundé. Les frères le choisissent comme
régional pour l’Afrique et l’année suivante, comme Prieur pour
l’ensemble de la Fraternité : il est le successeur de René
Voillaume. Avec toute son énergie, il visite les fraternités de
tous les continents et nous écrit de longues lettres où il nous
partage sa passion pour la Fraternité en nous répétant combien il
nous aime.
En
1980, François retourne à Yaoundé. Il travaille dans 3 secteurs :
la paroisse (formation des catéchistes, accompagnement des
communautés de quartier et des charismatiques). Il leur écrit un
petit livre « Prier pour vivre ». Il anime des sessions pour aider
les chrétiens à comprendre l'importance d'un engagement chrétien
social et politique. Il compose alors de nombreuses brochures sur «
la Doctrine Sociale de l’Eglise ». Enfin il consacre une bonne
partie de son temps à lancer une "médecine parallèle".
Il compose un recueil (le petit Vidil) qui permet de retrouver
facilement des remèdes à partir des plantes du monde entier.
En
1997, il part au NordCameroun et rejoint les frères de MayoOuldémé.
Il aime cette fraternité et sa longue histoire. Assoiffé de
justice, il cherche, comme infirmier et comme prêtre, comment aider
les plus petits. Il n’a pas peur de dénoncer et de crier fort !
En
2003, il revient en France, mais après tant d’années en Afrique,
il a du mal à trouver sa place et déprime. Avec le soutien de sa
famille et de ses amis, il part à Berck sans enthousiasme. Au bout
d’un an il accepte d’entrer dans la maison St Louis de
Versailles. Dans le contexte très particulier d’une maison de
retraite, François retrouve petit à petit son sourire et c’est
dans la joie qu’il a pu fêter ses 80 ans.
Le
21 octobre 2013, il a été mis en soins palliatifs dans un autre
centre, mais il voulait revenir dans « sa chambre » parmi ceux et
celles avec qui il a parcouru une route encore plus surprenante que
les routes africaines : solidarité dans le passage qu’on appelle «
mort » mais qui est « vie ».
On
peut garder comme un trésor le souhait que François a écrit dans
l’introduction de son livre sur la prière : « A tous ceux que ces
pages aideront à prier, je leur souhaite de trouver la PAIX et la
JOIE de Jésus. »
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