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Fevrier 2019
Visite à Bangalore
Je
désirais beaucoup connaitre la réalité de la fraternité en Inde,
de Mylasandra où Yesudas Noronha vit avec Kumar Koyammakkad PFJ et
Mani Karott PFJ, et de la fraternité de Tiruvanamalai où vivent
Anand Sein PFJ, Xavier Susi PFJ et Visu Chinnappan PFJ, et bien
entendu revoir Battu Dias, rentré dans son pays natal en aout
2017, à cause de sa maladie, et connaitre la maison médicale des
Pères Camiliens où il est résident.
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Tout
était à découvrir pour moi car c’était ma première visite dans
ce pays immense.
Ce
que je vous partagerai je l’ai reçu en grande partie des frères
qui, très attentifs, m’ont piloté, accompagné, parlé de leur
pays, des réalités de leurs milieux de vie et de leur travail, me
faisant rencontrer quelques-uns de leurs amis. Ils ont eu la patience
de me faire faire un premier pas dans la compréhension de la
diversité culturelle et religieuse de leur pays, me racontant
l’histoire de la Fraternité, m’expliquant les racines
religieuses, les dévotions, les appartenances, et me faisant visiter
quelques temples.
Donc
me voici débarquant en Inde ! Je fais une expérience
extraordinaire, dès que je suis en face de l’officier de
l’immigration : celle de me retrouver comme un enfant car je
ne connais ni l’anglais ni l’hindi ou autres langues de l’Inde.
Il me pose des questions qui restent sans réponse. Puis avec un
sourire de compassion me rend mon passeport avec le visa me
souhaitant la bienvenue avec un Welcome !
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Yesudas,
malgré l’heure, 0:50h, fidèle et patient m’attend à l’aéroport
de Bangalore.
Dès
la sortie de l’aéroport, on est mis dans l’ambiance :
malgré l’heure, le trafic est intense, bruyant, c’est un
encombrement de bus, de voitures, de camions. Tout me semble en
apparence très désordonné, chaotique mais on avance. Une multitude
de "richkos" (Ape taxi) se déplacent comme des fourmis reines
du trafic, se faufilant entre les autres véhicules avec habileté et
ruse.
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Nous
arrivons à destination après plus d’une heure de voyage. La
fraternité est encore endormie. Mylasandra est un village qui est
dans la grande périphérie de Bangalore. Au matin je suis heureux de
revoir et saluer Kumar et Mani. Je passe les premiers jours dans
cette fraternité.
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Mylasandra
est un gros village qui garde encore ses caractéristiques et son
esprit villageois : les gens se connaissent, se saluent ;
il a son église et ses temples. En effet, je dis encore, car la
ville comme une pieuvre avance peu à peu. Depuis la fraternité on
voit déjà de grands immeubles en construction qui grignotent peu à
peu les terres cultivables et se rapprochent du village. Certainement
que dans un proche futur l’aspect du village va changer et son
esprit aussi.
A
Mylassandra il y a aussi de très nombreuses carrières de granit qui
creusent et vident la montagne. On utilise le granit en gros blocs
pour les fondations des maisons, en grandes plaques pour délimiter
les terrains et aussi une fois poli, pour les revêtements des sols.
L’exploitation est rudimentaire semble-t-il, avec de nombreux
ouvriers immigrés venus du Nord. Ils habitent des baraques de
fortune à proximité des chantiers.
On
sent que l’hindouisme est présent partout et qu’il imprègne
avec ses rites, la vie quotidienne de tout le monde, même des
chrétiens !
On rencontre beaucoup de temples, des petits
réduits au minimum avec une simple image et quelques fleurs au pied
d’un grand arbre par exemple, ou de plus grands nouvellement
construits et des très anciens avec une multitude de statues
colorées.
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Un
exemple de l’omniprésence du religieux et qui m’a frappé :
les jours avant l’ouverture d’une nouvelle école, proche de la
fraternité, les propriétaires ont fait faire des prières par un
brahman, puis on a fait passer une vache dans le bâtiment nouveau
pour le bénir.
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On
voit beaucoup de femmes qui fabriquent, même dans le bus, des
guirlandes de fleurs avec une habilité et rapidité extraordinaire.
Ces guirlandes seront achetées pour faire des offrandes en dévotion
à quelque divinité, et par les femmes qui les portent dans les
cheveux comme parure. On en met dans le "richko", la voiture, le
bus pour honorer quelque divinité et implorer sa protection, ou aux
cornes des vaches… Une façon j’imagine de faire plaisir à la
divinité de laquelle on est dévot. Tout semble imprégné de
religieux !
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J’imagine
que Bangalore est une ville qui reflète l’Inde d’aujourd’hui :
un fort développement technique, une croissance économique élevée
mais qui oublie ceux qui sont en bas de l’échelle sociale.
Bangalore
s’est développée ces derniers 20 ans, grâce à des sociétés
qui ont investi dans les technologies nouvelles et tout ce qui touche
internet et ses corollaires. Elle est passée de 3 millions
d’habitants à 9 ou 10 millions. J’ai lu que Bangalore est une
des villes la plus polluée de l’Inde. L’eau potable est une
denrée rare, donc une opportunité de profit pour qui la possède et
en fait le commerce, ce qui n’est pas sans inquiéter ceux qui,
comme les frères, ont des puits à proximité de ces forages en
profondeur car ils provoquent l’abaissement du niveau de la nappe
phréatique.
Il
y aurait un peu moins de 1,4 milliard d’habitants en Inde
aujourd’hui ; 2,3 % sont chrétiens: une poussière mais
ils seraient tout de même 24 millions avec une concentration au Sud.
D’où viennent ces communautés chrétiennes ? On dit que les
premiers convertis auraient été des juifs indiens qui habitaient le
sud, et qu’ils ont été intégrés dans la société en tant que
castes commerçantes. Ces premières communautés remonteraient à
Saint Thomas. Les chrétiens minoritaire sont en troisième position
après l’hindouisme qui est la culture dominante et l’islam
(13 %) bien visible. On dit que leur nombre est en augmentation,
malgré les persécutions dont ils sont victimes surtout dans le
Nord.
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Comme
chaque semaine Yesudas va visiter Battu et passer une nuit auprès
de lui, j’en ai profité pour l’accompagner. Merci Yesudas pour
ton accompagnement fidèle de notre frère, ainsi qu’à Kumar et
Mani!
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La
maison, propriété des Pères Camiliens, est gérée directement par
eux ; ils sont une belle communauté avec le noviciat. La maison
est très bien, spacieuse et l’ambiance est très fraternel,
familial. Battu peut profiter de tous les services : médecin,
infirmier, kinésithérapie. On voit qu’il est connu de beaucoup et
aimé, comme par les élèves infirmières qui le saluent avec
affection. La nuit il y a une personne rémunérée qui l’accompagne.
Pendant mon séjour Battu a pu venir passer une bonne journée en
fraternité. Merci aux frères de Mylasandra qui ont trouvé ce
centre au moment opportun !
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Yesudas
m’a fait connaitre les Petites Sœurs des Pauvres où il travaille
trois jours par semaine. Il est employé au repassage, au
bricolage/maintenance dans la maison et aide certaines personnes pour
les repas.
J’ai bien apprécié l’ambiance de cette maison et
admiré l’attention des Sœurs pour leurs hôtes. Yesudas est très
content de ce qu’il vit là, et j’ai vu qu’il est estimé.
Pendant cette visite, j’ai été agréablement surpris de constater
que toutes les Sœurs me parlaient en français, en effet elles font
une bonne partie de leur formation initiale en France.
J’oubliais
de vous dire que Yesudas est un affectionné de la bicyclette ;
il ne se déplace qu’avec ce moyen soit pour aller au travail soit
pour aller visiter Battu. Il faut être courageux pour circuler ainsi
dans la ville de Bangalore vu le trafic et la pollution.
Un
jour avec Mani nous sommes allés en ville pour visiter le quartier
de leur ancienne fraternité et saluer quelques familles. J’y ai
rencontré un autre monde que le village de Mylasandra ! Quelle
peine de voir des personnes âgées seules et réduites à vivre dans
des conditions de grande pauvreté.
Je
ne pouvais pas manquer une visite à l’ancienne fraternité
historique de Alampoondi, qui est maintenant le siège d’une
association qui aide les femmes.
Nous
avons passé aussi une journée chez les PSJ, à la fraternité
régionale, et aussi les PSJ à Hosur, fraternité insérée dans une
ville satellite de Bangalore. Les journées ont passées très vite,
mais malgré cela, nous avons trouvé de bons moments de partages en
fraternité ou plus personnels.
Accompagné
par Yesudas, en allant à la fraternité de Tiruvannàmalai, au Tamil
Nadu, nous nous sommes arrêtés une nuit pour saluer Shanti (Charles
Culot PFJ), un des fondateur de la Fraternité en Inde avec Michel
Saint-Beuve PFJ et Arul (Claude Hémard PFJ). Il a été accueilli,
après un AVC qui lui paralyse un côté, à Chetpet, dans un hôpital
tenu par une communauté de femmes consacrées, qui sont très
attentives à lui et où il se trouve bien. Comme Battu il a une
personne, amie de la fraternité, qui l’accompagne quotidiennement.
La
fraternité de Turuvannàmalai est assez récente, Anand, Xavier
vivent sous le même toit et Vishu habite dans le Centre où il
travaille. Ils veulent être proches du milieu des Dalits (hors
caste). Au centre de la ville de Tiruvannàmalai il y a un grand
temple très fréquenté surtout au moment de la pleine lune. (Anand
a raconté tout cela dans un diaire). Avec Anand nous avons fait
l’ascension de la montagne jusqu’à la grotte où a vécu un
saint personnage, Ramana je crois, qui maintenant est vénéré là
par de nombreux pèlerins. De là-haut nous avons admiré la ville et
ce temple magnifique. Au pied de cette montagne il y a aussi un
ashram. C’est dans ce contexte que le père Henri Le Saul1
a vécu et fait une expérience spirituelle marquante pour le reste
de sa vie.
Xavier, Yesudas, Kumar, Mani, le cousin de Kumar,
Battu
Puis
nous sommes allé visiter un ami de Anand, jésuite ermite, avec qui
nous avons eu une très belle conversation sur comment être témoin
du Christ aujourd’hui. Il a souligné l’importance d’une
relation forte avec le Christ, d’avoir un œil contemplatif dans la
vie quotidienne, dans les relations, avec la nature. Le témoignage
passe par les simples choses mais vécues avec toute leur densité,
imprégnées d’une présence cachée, dans un regard qui va
au-delà des apparences! J’ai aimé marcher dans la ville avec
Anand, et j’ai vu que souvent des gens le saluaient, ce qui montre
que les frères commencent à être connus et reconnus. Avec
quelques-uns qui passent à la fraternité on voit qu’une amitié
s’est construite. A la fin de mon séjour j’ai fait le retour sur
Bangalore avec Xavier.
Pendant
mon séjour, souvent j’ai pensé à Gandhi, à son message de
non-violence, de respect de la création, de tolérance, etc…
Merci
aux frères ! Je rentre à Bruxelles content de ce que j’ai
vécu avec tous, des partages fraternels sur bien des sujets, de la
bonne cuisine, des partages, et de la petite célébration de la
lumière, la veille de mon départ.
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