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Arles
La vie dans le quartier Barriol
Je vais faire un petit tour en
arrière :
À la fin de ‘année il y aura 50 ans que je suis
arrivé dans la région d’Arles :
14 ans en Camargue au Sambuc,
32
ans au centre-ville d’Arles,
rue Traversière
4 ans dans le quartier de Barriol,
où je suis maintenant.
Parfois on me demande « ou j’étais le mieux » ;
je réponds que j’étais bien au centre-ville et que maintenant je
suis bien à Barriol. 4 ans que je suis ici et je ne vois pas le
temps passer. Je me sens bien, l’appartement ou je suis correspond
bien à mon état de santé. Dans l’immeuble il y a 30 familles, il
n’y a pas de bruit, tout le monde se salue et se respecte. On est
bienveillant à mon égard, vu mon grand âge et aussi car je suis un
monsieur avec une canne (ça en impose).
Dans le quartier je me sens bien et accepté, je connais beaucoup de
monde, beaucoup de familles d’ouvriers agricoles qui étaient en
Camargue et qui sont ici maintenant. J’aime bien ce quartier malgré
quelques difficultés qui sont liées à la drogue.
J’ai de bons contacts avec les familles roms, une dizaine de
familles sont dans le quartier souvent j’ai des visites de l’un
ou de l’autre et parfois je fais la nounou pour trois enfants de 6
– 4 – 1 an, cela me permet de rester jeune.
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Septembre
2020
Lundi 7 septembre, la maman des 3 petits est venue chez moi pour me demander de garder le plus
petit qui a 1 an et s’appelle Égola, car elle avait un rendez-vous
en ville avec une assistante sociale.
.
Le plus petit est donc resté,
il s’est mis à jouer avec une petite voiture et au bout de 10mn il
s’est aperçu que sa maman n’était pas là, il s’est levé est
parti dans le couloir et ne l’ayant pas aperçu, il a pleuré puis
est parti jusqu’à la chambre.
Il a voulu entrer dans la chapelle,
je lui ai donc ouvert la porte, il a aperçu le petit Jésus couché
dans son berceau, il est allé vers lui, l’a pris dans ses bras et
lui a fait un bisou. Je crois que le petit Jésus lui a souri et
Égola s’est arrêté de pleurer, ensuite il a continué à jouer
avec lui.
À la fin je ne sais qui était le plus heureux ?
Dieu
seul le sait… Il est sorti avec le sourire.
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Novembre
2020 Aujourd’hui j’ai eu la visite de
Stuart 6 ans et de Sara 4 ans, les petits que je garde parfois quand
les parents travaillent, Sara va raconter cette visite :
.
« Bonjour papa, avec mon frère Stuart on est venu te dire
bonjour. En chemin on a cueilli des fleurs jaunes pour toi, car tu
aimes beaucoup les fleurs, dans ta maison il y en a beaucoup.
Papa (Raoul) nous a préparé des céréales avec du lait, il a
allumé la télé pour Stuart qui aime bien regarder les dessins
animés et moi j’ai colorié mon livre de dessin, et papa est parti
à la chapelle, car il n’avait pas fini sa prière quand on est
arrivé.
Quelques minutes après, j’ai été
le retrouver à la chapelle, je me suis assis sur un petit banc et
papa il est assis dans une grande chaise, car il a beaucoup mal à la
jambe.
Après je fais le signe de la croix…
au nom du Père et du Fils et Esprit, et après je dis bonjour à
Jésus et à Maria… Papa lui ne dit rien, il les regarde et écoute
Jésus et moi je parle beaucoup avec Jésus. je lui dis :
.
‘‘Jésus, regarde mon père, ma mère, mon frère Stuart qui est
un peu grand il a 6 ans et mon frère Egola lui il est petit il a un
an, ils sont gentils et je les aime bien. Regarde aussi tous les
papas et les mamans du quartier de Barriol où j’habite et tous les
petits enfants, il y en a beaucoup. Des fois on joue ensemble et on
va tous à l’école, et moi et Stuart on mange à la cantine.’’
.
‘‘Jésus,
regarde les enfants qui sont grands comme mon cousin Gianni qui a 17
ans, eux ils jouent souvent à faire la guerre. Il y en a qui ont des
pistolets et des carabines… alors des fois, il y en a qui tombent
malades (blessés par des coups de carabine)… alors les pompiers et
la police arrivent…
Les pompiers emmènent ceux qui sont
malades à l’hôpital et la police attrape un méchant mais pas
tous, car il y en a qui s’en vont en courant vite, car ils ont des
baskets aux pieds et les policiers ils ont que des gros souliers et
ils sont un peu vieux, alors ils ne courent pas vite…
Ce que
les méchants font ce n’est pas bien… ’’
.
‘‘Jésus,
fais quelque chose pour que les enfants grands restent gentils. Papa
me dit que c’est à cause de la drogue qu’ils font cela. Quand je
traverse le quartier avec Stuart on a peur des méchants ; mais
quand on est avec maman, on n’a pas peur.’’
.
Quand on a fini de parler ou
d’écouter Jésus on retourne dans la salle à manger.
Papa
ne court pas, il marche doucement pourtant il a des baskets aux pieds
mais il est vieux. Il va s’asseoir dans le canapé et moi je
retourne colorier mon livre.
.
Stuart a préparé de la pâte
pour faire des crêpes car il connaît tout.
Après Stuart
apporte les cartes et les dominos pour jouer avec papa. Stuart il
veut toujours gagner car s’il perd il n’est pas content. Quand il
y a longtemps qu’ils jouent ensemble, papa commence à fermer les
yeux.
Moi je dis à Stuart « surtout ne fais pas de
bruit, papa va faire dodo; après je le réveillerai pour qu’il
fasse cuire les crêpes ».
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Il y a 20 autres familles qui sont en HLM dans d’autres quartiers
de la ville et les autres 30 familles sont dans deux camps différents
(20 sur un camp et 10 sur un autre). Cela fait beaucoup de monde
surtout que j’ai la charge de ‘‘papa’’ (du plus grand au
plus petit) c’est mon nom ; en fin de compte je m’en sors
pas si mal.
Presque tous les hommes
travaillent, soit dans la maçonnerie ou dans la logistique à 20km
d’Arles (St-Martin de Crau) pour décharger les containers, ou soit
comme préparateur de commande. Il y a quelques femmes qui
travaillent dans ce même secteur (logistique).
Les enfants vont tous à l’école, cela se passe très bien.
.
Je fais toujours un peu partie du secours populaire. Quand le secours
a fait toutes les distributions à ceux qui sont inscrits au secours
et s’il reste des choses, ce qui arrive souvent, on m’appelle
pour aller chercher les restes (de bons restes) et je les distribue
aux familles.
Ma vie dans le quartier
s’est d’être attentif aux uns et aux autres, essayer de vivre en
paix et de porter dans la prière les joies et les peines de chacun
.
Ma vie avec la paroisse. J’ose dire
que je ne suis plus bon à rien ! Mais j’ai de bons contacts
avec les sœurs, les prêtres et les paroissiens
.
Je vais de temps à autre voir les frères de La-Roque, ça me fait
du bien de les rencontrer.
. Ma santé se maintient ; mais
souvent je suis souvent très fatigué, comme j’ai beaucoup de
temps je me repose quand il faut.
.
Toute ma
famille va bien, les plus âgés vont avoir 90 ans en novembre.
Bon Noël
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