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Pélerinage
à Rome
Chers frères,
J’ai
beaucoup voyagé ces derniers mois. Pas étonnant que je me sois
retrouvé à Rome : parce qu’on dit que tous les chemins mènent à
Rome. Et si ce proverbe est vrai, il n'est pas surprenant que j'y ai
aussi rencontré de nombreux frères et sœurs qui ont parcouru les
chemins les plus divers : Max de Titicachi, Mario (sur le chemin
de Spello vers les Pouilles), Chema (il est venu du Mexique), Tullio
(en visite dans sa famille à Rome), Paul-André (accompagnant un
groupe de pèlerins du diocèse de Nanterre), les frères de Spello /
Foligno (Giorgio, Yves, Gabriele, Franco, Alberto), Tommaso avec un
groupe des pèlerins, Gabriel de Lille… et beaucoup d’autres !
J'ai vécu
la canonisation comme une belle fête de la grande Fraternité :
Il y a tellement de communautés différentes qui s'inspirent de
Charles de Foucauld ! Et ils ont tous un certain style en
commun : une certaine simplicité (qui contraste agréablement
avec l'ambiance cléricale de Rome), une manière ouverte et amicale
d’aborder les uns les autres (une hospitalité que l'on peut aussi
ressentir dans une rencontre dans la rue). Nos communautés étaient
présentes dans toute leur diversité : autant de langues, de
pays d'origine, de cultures.
Et tout
cela a façonné les messes et nos rencontres. Il y avait de très
belles invitations : exposition, théâtre, oratorio. Et une ambiance
recueillie à la Veillée de prière.
La
célébration de la canonisation sur la place Saint-Pierre avec sa
mise en scène romaine classique était également impressionnante. À
droite de l'autel papal, des sièges étaient réservés aux
politiciens et aux personnes particulièrement proches des
« Néo-Sancti ». Pour Charles de Foucauld, ces places
avaient été données à quelques membres de sa famille naturelle et
à 10 officiers de Saint-Cyr. Je me suis demandé si Charles a été
canonisé pour sa vie « exemplaire » de soldat… Par
contre, j'ai trouvé normal que nous, petits frères et sœurs, nous
nous retrouvions “au cœur des masses”. Notre place n’est pas
au corps militaire, mais au milieu du corps du Christ, et au cœur du
monde.
Le service
d'action de grâce du lundi 16 mai a ensuite reflété notre
universalité, exprimée à travers des symboles (dattes, sable du
Sahara, 5 bougies pour les 5 continents). La composition musicale
était très belle et touchante. Et aussi la photo du frère Charles,
dans laquelle il rayonne grande gentillesse et douceur, une image si
humaine et chaleureuse au milieu de l’or froid de l’église
épiscopale de Rome.
Le lundi 16
mai au soir, la rencontre de l'Association de la Famille Spirituelle,
qui compte 19 communautés, a commencé. Nous avons échangé pendant
plusieurs jours sur ce que signifie pour nous la « fraternité »
et comment nous vivons la «synodalité». Jean, l'évêque du
Sahara, nous a accompagnés pendant les 4 jours de notre
rencontre.
Un temps
fort a été l’audience du Pape, dans un cadre très familier. J'ai
été fort touché par la façon dont le pape souffre : non seulement
dans ses genoux, mais certainement encore plus dans les défis de
l’Église. Et c'était perceptible à quel point il se sentait à
l'aise dans notre cercle.
Lors de la
réunion de la Famille Spirituelle j'ai posé la question de l'avenir
de Beni-Abbes à tous les responsables car nous manquons de frères pour
maintenir, longtemps encore, notre présence. Beni-Abbes fait
partie du patrimoine commun de toutes nos communautés. Peut-être pouvons-nous penser à une
« fraternité élargie » et que des membres d’autres
communautés, congrégations, etc., qui sont proches de notre
spiritualité, puissent y vivent (pour des périodes plus courtes, comme un
an) ?
Je regarde
en arrière avec gratitude mon voyage à Rome et je voudrais
particulièrement remercier l'équipe qui a organisé la canonisation
(par exemple Gabriele de Spello). Et même si on peut désormais
officiellement prier “Saint-Charles”,
pour moi il reste :
“Frère Charles”.
Andréas
* * *
SALUTATION
DU PAPE FRANÇOIS
À L’ASSOCIATION FAMILLE SPIRITUELLE CHARLES DE FOUCAULD
Mercredi 18 mai 2022
Chers frères et sœurs,
Soyez les bienvenus ! Je suis heureux de vous rencontrer et
de partager avec vous la joie de la canonisation du Frère Charles.
En lui, nous pouvons voir un prophète de notre temps qui a su mettre
en lumière l’aspect essentiel et universel de la foi.
L’essentiel, en condensant le fait de croire en deux mots
simples, dans lesquelles il y a tout : “Jesus-Caritas”; et
surtout en revenant à l’esprit des origines, à l’esprit de
Nazareth. Je vous souhaite à vous aussi, comme le Frère Charles, de
continuer à imaginer Jésus qui marche au milieu des gens, qui
accomplit avec patience un travail difficile, qui vit dans le
quotidien d’une famille et d’une ville.
Comme le Seigneur est content de voir qu’on l’imite dans la
voie de la petitesse, de l’humilité, du partage avec les pauvres !
Charles de Foucauld, dans le silence de la vie érémitique, dans
l’adoration et le service des frères, a écrit que « nous,
nous sommes amenés à mettre au premier plan les œuvres, dont les
effets sont visibles et tangibles, tandis que Dieu donne la première
place à l’amour, puis au sacrifice inspiré par l’amour, et à
l’obéissance dérivant de l’amour » (Lettre à Maria de
Bondy, 20 mai 1915). En tant qu’Église, nous avons besoin de
revenir à l’essentiel, de ne pas nous perdre parmi tant de choses
secondaires, au risque de perdre de vue la pureté simple de
l’Évangile.
Et puis l’universalité. Le nouveau Saint a vécu son identité
chrétienne comme frère de tous, à commencer par les plus petits.
Il n’avait pas pour objectif de convertir les autres, mais de vivre
l’amour gratuit de Dieu, en réalisant “l’apostolat de la
bonté”. Il écrivait ainsi :
« Je veux habituer tous
les habitants chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres
à me
considérer comme leur frère, le frère universel ».
(Lettre à Marie de Bondy, 7 janvier 1902)
Et pour ce faire, il
ouvrit les portes de sa maison, afin qu’elle soit “un port”
pour tous, “le toit du bon Pasteur”. Je vous remercie parce que
vous continuez ce témoignage qui fait tant de bien, en particulier
en un temps où l’on risque de s’enfermer dans les
particularismes, d’accroître les distances et de perdre de vue son
frère. Nous le voyons malheureusement dans les nouvelles de chaque
jour. Frère Charles, dans les travaux et dans la pauvreté du
désert, racontait :
« Mon âme est toujours dans la
joie »
(Lettre à l’abbé Huvelin, 1er février 1898).
Chères sœurs et frères, que la Vierge vous donne de conserver
et de nourrir la même joie, parce que la joie est le témoignage le
plus limpide que nous puissions donner à Jésus en tout lieu et en
tout temps.
Et de plus je voudrais remercier Saint-Charles de Foucauld parce
que sa spiritualité m’a fait beaucoup de bien quand j’étudiais
la théologie, un temps de maturation mais aussi de crises. Elle
m’est parvenue à travers le Père Arturo Paoli et à travers les
livres de Voillaume, que je lisais sans cesse. Il m’a beaucoup aidé
à vaincre les crises et à trouver un chemin de vie chrétienne plus
simple, moins pélagienne, plus proche du Seigneur. Je remercie le
Saint et je témoigne de cela, car il m’a fait beaucoup de bien.
Bonne mission ! Je vous bénis et vous demande, s’il vous plaît,
de continuer à prier pour moi.
Merci !
François
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