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La Roque d'Anthéron
Visite de Daniel à La-Roque (7-13 mai 2022)
C'est
toujours un agréable dépaysement de passer de la banlieue
parisienne à La-Roque-d'Anthéron. Tout de suite, on plonge dans la
Provence, avec ses paysages typiques, son soleil, ses pins, ses
oliviers et ses plantes aromatiques. C'est le printemps et les
oiseaux chantent de partout.
La
fraternité est en bordure de la bourgade, une maison suffisamment
vaste pour accueillir et un terrain assez grand sur le flanc d'une
colline. Les frères y habitent depuis 20 ans. La propriété fut
donnée à l'époque au diocèse par Françoise, une amie
de la famille spirituelle Foucauld et, suite à un accord, les frères
ont pu l'habiter pour réaliser leur projet d'accueil. Celui-ci a été
mis en œuvre de manières diverses selon les époques et selon les
frères.
Aujourd'hui,
il ne reste qu’Yves et Michel. Pour des raisons de
santé, celui-ci vit indépendamment dans un des appartements de la
maison. En effet, Michel a été opéré d'un cancer il y a quelques
années, et il lui est nécessaire d'avoir son espace personnel pour
faire face à sa situation. Il vit selon un régime alimentaire et un
rythme très stricts. Lever le matin de bonne heure, repas seulement
le matin et le soir. Moyennant quoi il est opérationnel de 10h
environ jusqu'à 17h.
De
son côté Yves a un tout autre rythme, disons un rythme normal de
fraternité sauf qu'en la circonstance il est seul à le vivre.
Principalement, Yves a des engagements auprès des gens du voyage et,
de plus, d'une manière régulière, il visite les prisonniers à
Salon-de-Provence.
Personnellement
et ensemble nous avons beaucoup échangé sur cette situation qui, de
fait, n'est pas idéale pour une vie de fraternité à cause des
rythmes de vie en décalage. Il est vrai, Michel et Yves ont mis en
place des temps de rencontre entre eux deux, dans la matinée puis
dans l'après- midi autour d'un café et le midi pour un temps de
prière. Il s'agit bien là d'une rencontre a minima. Cette vie à
deux (ou à un et demi) vécue depuis l'automne dernier ne peut pas
se prolonger indéfiniment. Sur ce sujet Michel et Yves ont bien la
même analyse.
Pour
sa part, Michel est très heureux des conditions matérielles qui lui
permettent de vivre à peu près normalement avec ses limites de
santé. Et il apprécie beaucoup le cadre provençal de La-Roque.
Quand il est libéré de ses contraintes physiques, il peut rendre de
nombreux services, bricolage, entretien du terrain, et il ne se prive
pas d'utiliser la bicyclette pour faire des courses ou aller voir des
amis.
Quant
à Yves, ce n'est un secret pour personne, il vit un lien très
étroit avec des gens du voyage installés dans la région. Mais,
l'absence actuelle d'aumônier diocésain, fait qu'il est de plus en
plus appelé à élargir son champ d'action surtout pour ce qui
touche aux demandes de baptême, d'obsèques, de mariages...
Alors
qu’Yves aimerait avoir un contact tout simple et gratuit avec ces
familles, sans être enfermé dans cette fonction cultuelle. Il est
très difficile de dire non à certaines demandes et cela crée en
lui un certain malaise. Par contre, il apprécie son engagement à la
prison qui se déroule dans un cadre beaucoup plus défini et limité.
Cet engagement lui permet de réels contacts humains dans des
histoires très compliquées où il sent que l'écoute est la
première et sans doute la seule manière de vivre ce service auprès
des prisonniers. Il reste qu’Yves ressent une certaine fatigue et
le poids d'une solitude.
En
échangeant ensemble, peu à peu s'est dessiné un consensus. Nous
n'avons pas les moyens de continuer cette fraternité très
longtemps. Dans les années à venir, il faudra prévoir une
fermeture et envisager pour chacun des frères un autre avenir. Et
nous avons été assez d'accord pour fixer cette étape dans un ou
deux ans. Tout en étant conscients qu'il est souvent difficile de
tourner une page d'histoire et aussi de préparer un point de chute
dans un nouveau contexte et dans une nouvelle fraternité.
C'est
donc un temps de mûrissement qui s'ouvre pour Yves et Michel.
Réflexion personnelle très certainement, mais aussi échange en
région et l'opportunité de la prochaine réunion régionale PFE-PFJ
ensemble, début août, sera aussi un moment important pour avancer
dans la prise de décision. Déjà nous avons évoqué quelques
pistes possibles pour après La Roque.
Michel
se verrait bien poursuivre sa route en proximité avec les frères de
Nyons, à condition de pouvoir trouver un appartement qui réponde à
sa situation sanitaire, chose probablement possible.
De
son côté, Yves a plusieurs pistes devant lui, sans oublier
d'éventuelles possibilités d'une fraternité mixte avec les PFJ.
À
la fin de mon séjour à La Roque, Raoul nous rejoignait depuis
Arles. Et ce fut l’occasion d’un bon échange avec lui et là
aussi d’évoquer le futur. Malgré les années qui passent, sa
santé se maintient et il garde toujours de bons liens avec ses amis
Roms. Le dernier jour, les frères de Nyons sont venus me chercher à
La Roque et ce fut l'occasion d'une rencontre fraternelle au cours de
laquelle les frères de La Roque ont pu partager ces nouvelles
pistes. Dans la mesure où ces orientations, qui deviendront plus
tard des décisions, nous concernent tous de plus ou moins près, je
pense que les frères de Nyons ont été heureux de ce partage entre
frères. En tout cas, j'ai beaucoup apprécié le climat d'échange
fraternel et ouvert avec Yves et Michel pour dessiner ces quelques
orientations qui, je l'espère, prendront forme et se concrétiseront
peu à peu.
Michel et Yves accueillent Fernando et Yesudas
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