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RENCONTRE DES FRÈRES
À ASSISE
27
MAI – 7 JUIN 2023
Samedi 7
mai après-midi, c’est le sourire d’Andreas qui nous accueille
Roger et moi au Monastère Saint-Andrea pour notre rencontre à
Assise, (tous les frères étaient invités). Parmi les premiers
arrivés j’ai retrouvé Giorgio G. et Paziente qui m’avaient
accueilli à New-York en 1993. La chapelle est vaste et priante, les
sœurs franciscaines y ont placé une grande icône de la
résurrection. Les marches et l’étroitesse de la porte ne
facilitent pas l’accès du fauteuil de Juan. La fenêtre de ma
cellule ouvre sur un paysage de collines couvertes d’oliveraies qui
rappellent Nyons. Juste à côté, sonnent les cloches de la
Basilique de St-François. Au réfectoire, les conversations des 36
frères sont bruyantes et animées, il faut reprendre le fil de
conversations interrompues il y a des dizaines d’années. À la
nuit tombée, de la terrasse du cinquième étage, la plaine au bas
d’Assise brille de mille lumières.
Les
journées commencent à 8h15 par les Laudes et un partage d’Évangile
en petits groupes, toujours formés des mêmes frères. Les Vêpres
avec ou sans eucharistie nous rassemblent à 18h30. Dans la matinée
et l’après-midi chaque fraternité se présente avec des photos le
plus souvent et des invités nous ouvrent à d’autres horizons.
Plus au moins chaque deux jours une visite ou sortie est prévue.
Dimanche 4 juin est une journée “libre” et le 5 est réservé
aux réunions régionales.
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La journée
du dimanche 28 mai commence par une réflexion d’Andreas sur
Fratelli-Tutti et comment on devient frère de Jésus en devenant
frère de tous. Il nous rappelle avec les chrétiens d’Orient que
“l’amour est patience avec les autres, l’espérance est
patience avec soi-même et la foi est patience avec Dieu”. Vivre la
fraternité est notre témoignage et notre mission.
À la
messe qui suit, Michael S. fait un bouquet de fleurs des champs en
citant les noms des frères qui n’ont pas pu venir ; Nous
aurons de leurs nouvelles tout au long de la rencontre.
Dans
l’après-midi nous avons découvert Assise par groupes
linguistiques. J’ai été impressionné par la beauté du cloître
de San-Damiano où priait Sainte-Claire, par l’étroitesse des
sièges de la chapelle qui prouve que ses sœurs n’avaient pas de
surpoids, par le nombre de touristes pèlerins qui attire toujours le
Poverello. Yesudas a rencontré une petite sœur indienne et Bruno
des pères de la Consolata tanzaniens. Certains frères ont,
paraît-il, fait une orgie de “gelati”. En entrant au monastère,
le Cardinal Michael Czerny nous avait précédés.
Le lundi
29 Michaël passe la journée avec nous et nous introduit à
Fratelli-Tutti en mettant en parallèle deux visions des années
nazaréennes de Jésus. D’un côté la sainte Famille vivant à
trois une vie retirée dans un village homogène par sa culture et sa
religion. Une vision traditionnelle qu’aiment ceux qui imaginent
des communautés chrétiennes assez retirées du monde moderne. Et
d’autre part une Sainte-Famille où Jésus et Joseph travaillent à
la construction de la grande ville de Sepphoris, la capitale de
Antipas, fils d’Hérode, où ils travaillent coude à coude avec
des artisans de différentes cultures et religions. Jésus connut là
une vie urbaine cosmopolite où il put rencontrer des “bons
samaritains” et imaginer une fraternité universelle dont
Fratelli-tutti parle.
En fin
d’après-midi, Andreas nous a présenté Saint-François dans son
contexte historique, la montée en puissance de l’argent et de la
bourgeoisie, les conflits incessants entre villes rivales, ce qui
aide bien à saisir les intuitions de François toujours aussi
attrayantes aujourd’hui : simplicité, fraternité, paix,
respect de la Nature… Dans la soirée, c'est la figure du Vénérable
Baba Simon, prêtre de la fraternité sacerdotale, originaire du
Cameroun du Sud, missionnaire au Nord, qui nous a été présentée
dans un documentaire.
C’est le
mardi 30 qu’un frère franciscain nous a fait visiter la basilique,
nous introduisant à toute la riche symbolique des peintures mais
donnant aussi des pistes de méditation. Giuliano me faisait
remarquer que, curieusement, il n’y avait aucun pauvre de
représenté, même pas un pauvre lépreux !
Les
mercredi et jeudi ont été consacrés à nos fraternités. Vivre
ensemble quelques jours, présenter les insertions de chaque
fraternité permet de passer d’une Fraternité un peu abstraite
avec une liste de noms sur une feuille à une Fratrie faite de
sourires, de regards, de démarches, de plaisanteries où chacun
porte dans son cœur un parcours de vie et dans sa prière des amis,
voisins, compagnons de travail.
Le
vendredi 2 pour ouvrir nos horizons nous avons eu la visite des
petites sœurs d’Assise, avec deux jeunes, ce qui est assez rare
sur ce continent pour être signalé et sœur Franca qui nous a parlé
de ses deux années à Lampedusa, au milieu de cette mer Méditerranée
qui est devenue une fosse commune pour des milliers de migrants. Elle
se souvient des visages de ceux auxquels elle offrait un verre d’eau
à leur arrivée à terre, un sourire, un peu d’affection d’une
femme aux cheveux blancs qui leur rappelle leur grand-mère et son
amour inconditionnel.
Dimanche
4, journée libre très attendue. Avec Climenti, Marco, Alex et
Gabriel nous sommes allés nous recueillir aux Carcheri dans les
grottes près de la rivière, les oiseaux s’unissant à nos
louanges. Puis nous sommes montés sur le Subasio admirer les très
nombreux chevaux et les jeunes qui se lancent en parapentes,
confiants que le vent, l’Esprit les portera.
Le lundi 5
fut une journée de travail avec les réunions des diverses régions.
Il semble qu’un accord ait été trouvé pour que les frères de
Beni-Abbès viennent renforcer bientôt la région d’Europe Nord.
La matinée du mardi fut consacrée à une revue de vie en petits
groupes sur Dame Pauvreté. La préparation faite par Daniel a été
très appréciée et pourrait se poursuivre sur d'autres thèmes afin
de renouveler nos révisions de vie en fraternité.
Le plus
important de notre rencontre n’est-il pas invisible aux yeux ?
Avec chacun de ces frères que je croise depuis une cinquantaine
d’années, une certaine amitié a grandi, mais, au fond, je ne les
connais qu’en surface, chacun fait son chemin dans sa solitude.
Pourtant une foi en l’autre nous unie, un pari sur sa part
d’inconnu, son vrai moi, la cellule cachée de son âme où habite
notre “Ami” et qui me sera révélée au “dernier jour”.
Au moment
du départ, un frère nous a rappelé l’à-Dieu de Paul à Éphèse :
“À ces mots, se mettant à genoux, avec eux tous il pria. Tous
alors éclatèrent en sanglots, et, se jetant sur Paul, ils
l'embrassèrent, affligés surtout de la parole qu’il avait dite :
qu’ils ne devaient plus revoir son visage.” Ac 20; 36-38. Les
frères sont repartis vers leurs fraternités et merci à ceux qui
ont continué à travailler dans le Conseil Élargi.
Fraternellement
Alain
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