une nécessité vitale
Benoît XVI
De petite sœur Joëlle
Désireux de mieux connaître l’Islam en France et de mieux nous situer dans nos liens avec les musulmans que nous rencontrons, nous étions plus de 35 membres de la famille foucauldiennes rassemblés pour une session de formation les 20 et 21 mai à l’Ile St Denis (93). Cette rencontre était animée par Colette Hamza, Religieuse Xavière, responsable de la formation à l’Institut de Sciences et de Théologie des Religions(ISTR) à Marseille. Pour répondre à nos interrogations et éclairer notre expérience, Colette Hamza nous a parlé de l’Islam en France aujourd’hui, de ses différents courants, de sa grande diversité, des différences générationnelles et de son histoire, très liée à l’histoire de l’immigration. Le
lendemain, nous avons abordé le
dialogue Islamo-chrétien, Je
ne peux rendre compte de cette session, mais plutôt vous partager
quelques perles, ces phrases qui m’ont touchée,
réjouie
comme Des paroles fortes du Concile et des Papes *** « Le but du dialogue, c’est la conversion de chacun à sa propre religion. Le dialogue aujourd’hui est un choix, un choix vital, non facultatif ( Concile Vatican II ) et il fait partie intégrante de la mission de l’Eglise. » « Le dialogue fait partie de l’essence du christianisme. C’est Dieu qui fait le premier pas. C’est au nom de cette initiative même de Dieu que je fais et refais le premier pas sans me fatiguer. Le dialogue ne dépend pas du mérite et du résultat. » Plus concrètement… Désamorcer
un discours qui contribue à se faire peur l'un l'autre Ne pas se laisser entraîner par la peur et au repli sur soi Travailler
à ce que les religions soient des acteurs de paix Rester fidèle au principes de laicité de notre société Trouver
des attitudes évangéliques et respectueuses de l'autre Eviter les amalgames et discerner au-delà de certains de nos agacements Aprofondir nos
spécificités chrétiennes Dans
le dialogue interreligieux, la conversion retrouve son sens originel :
il s’agit pour chacun de se convertir, de retourner vers
Dieu.
Le dialogue interreligieux se veut une rencontre personnelle entre croyants de différentes religions, dans une atmosphère de liberté, d’ouverture et d’écoute. Il est un long apprentissage car il n’est jamais facile d’accepter de recevoir quelque chose des autres, surtout quand l’on est persuadé de détenir la vérité. Il ouvre la voie à une véritable ascèse. En effet, dans le dialogue, chacun vérifie par soi-même les exigences de la vérité dont il se réclame. Chacun se basant sur sa propre vérité, il est possible d’approfondir sa propre vérité et peut-être même partager une vérité supérieure qui déborde les vérités partielles dont chacun témoigne . Le document Dialogue et Annonce (DA) publié par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et la Congrégation pour l’évangélisation des peuples en 1991 indique le niveau véritable de la rencontre : « Le dialogue interreligieux ne tend pas simplement à une compréhension mutuelle et à des relations amicales. Il parvient à un niveau beaucoup plus profond, celui-là même de l'esprit, où l'échange et le partage consistent en un témoignage mutuel de ce que chacun croit et une exploration commune des convictions religieuses respectives. Par le dialogue, les chrétiens et les autres sont invités à approfondir les dimensions religieuses de leur engagement et à répondre, avec une sincérité croissante, à l'appel personnel de Dieu et au don gratuit qu'il fait de lui-même, par la médiation de Jésus Christ et l'œuvre de son Esprit » (DA 40). « Étant donné cet objectif, à savoir une conversion plus profonde de tous à Dieu, le dialogue interreligieux possède sa propre valeur. (...) La dialogue sincère implique d'une part que l'on accepte l'existence de différences et même de contradictions, et d'autre part que l'on respecte la libre décision que les personnes prennent en accord avec les impératifs de leur conscience (DA 41) ». Le dialogue interreligieux est bien davantage qu’une simple tolérance entre croyants. Pour un chrétien, croire que Jésus-Christ est « la vérité » (Jn 14, 6) c’est accepter d’être en chemin avec d’autres qui croient autrement. Pour avoir une intelligence plus juste de cette vérité. C’est là le véritable enseignement de Jérusalem.
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« L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre… » Nostra
Aetate Déclaration conciliaire sur les relations de l’Eglise avec
les religions non chrétiennes.§ 3 1965 ***
« Chrétiens et musulmans, nous avons beaucoup de choses en commun, comme croyants et comme hommes.(…) L’homme est un être spirituel. Nous, croyants, nous savons que nous ne vivons pas dans un monde fermé. Nous croyons en Dieu. Nous sommes des adorateurs de Dieu. Nous
sommes des chercheurs de Dieu. L’Eglise catholique regarde avec
respect et reconnaît la qualité de votre démarche religieuse, la
richesse de votre tradition spirituelle La loyauté exige aussi que nous reconnaissions et respections nos différences. La plus fondamentale est évidemment le regard que nous portons sur la personne et l'œuvre de Jésus de Nazareth. (…) Chrétiens
et Musulmans, nous nous sommes généralement mal compris, et
quelquefois, dans le passé, nous nous sommes opposés et même
épuisés en polémiques et en guerres.
Dieu nous invite, aujourd’hui, à changer nos vieilles habitudes. Nous avons à nous respecter, et aussi à nous stimuler les uns les autres dans les œuvres de bien sur le chemin de Dieu. » Rencontre
du pape Jean Paul II avec les jeunes musulmans à Casablanca Maroc,
Lundi 19 août 1985
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« Le dialogue interrreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut se réduire à un choix passager. C’est une nécessité vitale dont dépend en grande partie notre avenir. » Benoît
XVI aux représentants de la communauté musulmane d’Allemagne,
Cologne 20 août 2005
Texte de la Visitation de Christian de Chergé |
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