La fraternité de Bojó
Les frères de Bojó ont
longtemps vécu motivés par le projet de mouvements coopératifs qu'ils
ont contribué à lancer dans la région. La fraternité a juste maintenant
30 ans d'existence. Dans ce domaine il y a clairement une réussite. Ce
mouvement coopératif s'est développé un peu partout dans la région dans
beaucoup de secteurs: agriculture, commercialisation des produits,
production de biens…. Bojó est devenu un exemple: dans ce petit
village de 900 habitants, existent la coopérative proprement dite où les frères travaillent (24 associés), |
Vue générale de Bojó |
une
coopérative de boulangerie très importante, un groupe coopératif de
producteurs pour la vente des produits agricoles (25 associés), une
boutique coopérative... Sans compter, dans les environs immédiats
et liées à celles de Bojó , une coopérative de confiture et sauces, et
une coopérative de productions d'insectes pour contrôler les pestes du
café à Monte Carmelo, une coopérative de "pasta integrale" à Sanare
etc.. Ces coopératives de Bojó et de la région vont plus loin que
la simple organisation économique pour une meilleure production: elles
ont tout un projet de qualité de vie (culture biologique, contrôle
naturel des maladies des plantes), et tout un aspect de formation
humaine et professionnelle etc. La coopérative de Bojó organise
souvent des séminaires de formation pour les membres de la coopérative
ou pour des paysans d'autres parties du Venezuela, avec l'aide du
mouvement coopératif national ou même de l'état.
La
première semaine de mon séjour à Bojó , j'ai participé à ce que les
frères appellent une "semaine de Nazareth": semaine de partage de la
spiritualité de la Fraternité. Cette idée, les frères l'ont prise de la
fraternité de Spello
(Italie). Les frères ont la chance de pouvoir profiter d'une structure
construite il y a une quinzaine d'années qui, d'une façon simple, peut
accueillir de 25 à 30 personnes. Cette semaine-là, il y avait 9
personnes, venant de diverses parties du Venezuela, plus les frères. Le
fait de vivre dans une même maison tisse vite des liens. Le thème de la
semaine était "la paix". La journée ordinaire a un programme assez
simple qui ressemble à celui des semaines d'accueil à la fraternité de
Spello: une heure de prière le matin avec présentation du thème de la
journée, travail dans les champs ou à la coopérative boulangère; après
le repas et le repos du début de l'après-midi, reprise du thème du jour
et temps de silence pour l'adoration, la réflexion et la prière
personnelle; en fin d'après midi, une célébration eucharistique (ou de
la parole de Dieu ou révision de vie) et le repas; en fin de journée,
une évaluation de la journée avec un échange, et la prière du soir. En
fin de semaine, une "journée de désert" préparée par une adoration de
nuit. J'ai beaucoup aimé la façon dont les frères ont animé cette
semaine: on sentait la présence d'une fraternité et non l'influence
charismatique de l'un ou de l'autre... Jusqu'à maintenant les frères
organisent cinq semaines par an. Mais il y a aussi d'autres demandes:
des groupes ou des paroisses voudraient venir à d'autres moments pour
faire la même expérience. Actuellement, ces "semaines" motivent
beaucoup les frères: ils y voient comme un appel. Ils sentent et ils
espèrent que de là sortira quelque chose… sans trop savoir quoi.
David, Joseíto, Mario et Jaime |
Bojó
a longtemps été le lieu de formation de nombreux jeunes
latino-américains; une maison sur une colline à 25 minutes de la
fraternité a servi de noviciat pour beaucoup de frères: y sont passés
Jesús, Chepito, Fernando, Chema, Jaime, Oswaldo, etc. Il semble qu'en
ce moment les candidats pour la fraternité viennent du sud du continent
(Argentine, Uruguay)… Cochabamba (en Bolivie) va prendre le relais
comme lieu de première formation. Cela n'est pas facile à vivre pour
les frères de Bojó qui ont vu tant de jeunes passer et qui ont
longtemps été comme le centre de la Fraternité en Amérique Latine. |
Les
frères insistent beaucoup sur la fidélité au milieu, aux gens: Mario et
Joseito vont bientôt y accomplir 30 années de vie. A Bojó on sent
bien que cette présence de partage, de travail, de prière pendant 30
ans porte petit à petit des fruits: un des plus récents et des plus
visibles est le rayonnement de Bojó au niveau spirituel à partir
des "semaines de Nazareth". Chaque année y viennent des gens d'origines
diverses en recherche de quelque chose et trouvent, dans la
spiritualité de la Fraternité, une aide et une lumière pour leur vie.
La fraternité de Bojó est assez isolée. Jesús à Caracas et René à la forêt
ne sont pas tout proches … L'éloignement est aussi très grand par
rapport aux autres fraternités de la région. C'est sûrement un défi
pour la fraternité de Bojó de trouver les moyens de se sentir
partie prenante de la région d'Amérique latine, malgré l'isolement à
l'intérieur du Venezuela et l'éloignement de la Bolivie. Chaque trois
ans une réunion régionale d'Amérique Latine se réunit: c'est un moyen
pour construire la région, mais il faut en trouver d'autres. |
Diaire (Buletin nº 26) |