VISITE DE JOJI AU VENEZUELA

 

Au Venezuela, une fraternité existe à 350 kilomètres de Caracas, la capitale. A Bojó  j'ai rencontré nos frères. Mario (italien) et Joséito  (français): ils ont commencé cette fraternité il y a trente ans; Jaime  (colombien) y vit depuis plus de dix ans entrecoupés par des temps d'études à Mexico et à Cochabamba: Au sud-est du pays vit René  depuis quarante ans. Une fraternité existait il y a longtemps au cœur de la grande forêt (au nord de la forêt amazonienne brésilienne) au milieu des peuples Yecuana et Sanema. Santa Maria (Jiwitinia) est une des premières fraternités de l'Evangile. Il y a plus de 20 ans, René s'est retrouvé seul: il continue cette présence de la Fraternité d'une façon plus itinérante qu'autrefois, au service de ces mêmes peuples: il se partage entre Ciudad Bolivar, Maripa et la forêt. A Caracas, Jesús  (78 ans, d'origine uruguayenne), vit au milieu d'un quartier populaire. La grande maison, qu'il partage avec Elena (vénézuélienne), a été jusqu'à peu un foyer d'accueil, de vie et d'éducation pour beaucoup d'enfants et de jeunes qui y ont trouvé une famille.

 

Comme tous les pays d'Amérique latine, le Venezuela a été très marqué par la colonisation étrangère (espagnole pour la plupart des pays d'Amérique du Sud, portugaise pour le Brésil). Le pays alors était pauvre; il n'avait pas les mêmes richesses que d'autres pays comme la Bolivie ou le Pérou (riches en mines d'étain, de cuivre et d'or), ou comme l'Argentine et le Chili (riches en agriculture). Le Venezuela a acquis son indépendance en 1811: à cette époque a surgi la figure emblématique de Simon Bolivar qui a consolidé cette indépendance qui n'était que formelle lors de sa proclamation. Il a participé activement au processus d'indépendance de six pays d'Amérique du sud (Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Panama et Bolivie). Il est connu comme "le Libérateur". Il rêvait de l'unité de l'Amérique Latine.

La découverte du pétrole, dans les premières décennies du vingtième siècle, a changé la vie du Venezuela qui a trouvé là sa principale source de richesse, en devenant un important exportateur mondial de brut. Cette manne pétrolière a longtemps été exploitée par les gouvernements successifs au profit d'une classe réduite de personnes, et suivant les intérêts de compagnies et de gouvernements étrangers. Il y a 6 ans, un nouveau président, Hugo Chavez, a été élu. Il a vite engagé le pays dans un nouveau projet social et politique à caractère socialiste. Le président Chavez est un personnage atypique: il a gardé de son origine modeste une grande simplicité et une écoute des gens simples. A l'opposé de ses prédécesseurs, il n'est pas "blanc" descendant d'européens, mais a des ascendances indigènes et noires. Le président Chavez est adulé par la majorité des Vénézuéliens de condition modeste, mais rencontre une opposition féroce de la part des classes moyennes et riches, et de la part d'une grande partie de la hiérarchie de l'Eglise Catholique. Il y a trois ans, un coup d'état avait réussi à le faire tomber, mais devant la réaction de la population, les putschistes avaient dû le faire revenir au pouvoir deux jours après. Il y a un an, un référendum demandé par l'opposition avait vu le président Chavez confirmé au pouvoir…

Au Venezuela, Chavez ne laisse pas indifférent et engendre des passions pour ou contre.

Les frères sont touchés d'une façon ou d'une autre par ce processus socio-politique: ceux de Bojó  sont dans une zone qui est à l'avant-garde du processus: les coopératives sont nombreuses, la campagne profite beaucoup de tout ce mouvement lancé par le gouvernement. C'est une région qui se développe et est bien organisée; les gens sont conscientisés et jouissent d'un bon niveau de vie… A Caracas, Jesús vibre avec les gens de son quartier qui espèrent beaucoup de ce qui se passe… A la forêt du sud, René voit avec tristesse les populations indigènes, au milieu desquelles il vit, perdre ce qui faisait leur originalité et leur culture pour s'imbiber de ce qui se passe en dehors de la forêt. Il trouve que le gouvernement pourrait faire autrement pour aider les indigènes à s'intégrer à la nation vénézuélienne, sans perdre leur âme.

Les passions politiques et le clivage net entre partisans du gouvernement et opposants sévit aussi à l'intérieur de l'Église. C'est une cause de souffrance pour les frères, surtout de Bojó  et de Caracas, de rencontrer dans le camp des opposants durs, une grande partie de la hiérarchie, des prêtres et des religieux, et dans le camp des partisans, la majorité des chrétiens de la campagne et des quartiers populaires…

 

  

 

 

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Bojo

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La Forêt

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Caracas